Si notre espérance de vie humaine augmente solidement, peu nombreux sont les individus qui réussissent la traversée de la vieillesse en bonne santé. Pourtant il y a cette île au Japon, Okinawa, également appelée l’île des centenaires, qui affiche une réalité bien différente… et très encourageante. Quel est le secret de ses habitants?
Comme évoqué dans l’article « le mouvement c’est la santé« , nous reconnaissons trois grands facteurs à la longévité en bonne santé:
- le mouvement
- l’alimentation
- le lien social
En quoi les habitants d’Okinawa ont-ils un art de vivre différent selon ces critères? C’est ce que l’étude scientifique « Okinawa Centenarian Study », a tenté de comprendre.
The Okinawa Centenarian Study
Les scientifiques en sont maintenant persuadés: vivre vieux tout en restant en bonne santé est moins une question de gènes que de modes de vie. Les études actuelles montrent que le patrimoine génétique joue un rôle à hauteur de 20 à 30%. Ce qui est le plus déterminant est la manière dont le corps va être traité durant la vie de l’individu.
Depuis 1976, des chercheurs américains et japonais étudient ces facteurs qui rendent la population de l’archipel plus tonique et plus résistante que le reste de l’humanité. Nulle part ailleurs on ne trouve autant de centenaires que dans cette île du Pacifique. Nulle part ailleurs on ne trouve autant de centenaires ayant évité la plupart des maux chroniques de la vieillesse. Nombre d’entre eux sont encore très alertes et paraissent plus jeunes qu’ils ne sont. Les cas d’infarctus et de cancers du sein, de l’utérus et de la prostate enregistrés dans la population ne représentent que le quart de ceux des autres pays industrialisés…
L’art de bouger sur l’île d’Okinawa
Respectant des traditions ancestrales, les habitants d’Okinawa vivent selon des principes reconnus aujourd’hui comme les meilleures recettes contre la sénilité et la confusion mentale. Et ce aussi bien par les chercheurs en médecine cellulaire que par les gérontologues, les généticiens et les psychologues: ils se maintiennent en forme physique et mentale par un exercice régulier.
Les habitants de l’île sont passionnés de jardinage, aiment la marche à pied et pratiquent depuis l’enfance une danse religieuse qui s’apparente au Tai-Chi.
Ils bougent, sont actifs. Ils sont en mouvement.
Manger moins augmente la longévité
Outre une alimentation exemplaire: pauvre en graisse et en sel, riche en fruits et légumes dont la haute teneur en fibres et antioxydants tend à protéger des cancers, des maladies cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux, la plupart d’entre eux mettent en pratique un principe ancien japonais appelé « Hara hachi bu ». Ainsi, les habitants d’Okinawa ne satisfont leur appétit qu’à 80%. De cette manière, ils ne consommeraient pas plus de 1 800 calories par jour.
En cette heure de consommation massive et incitée, une stricte réduction calorique semble l’une des meilleures recettes pour vivre vieux.
Des rongeurs à qui l’on ne donne que 60 à 75 % de la dose normale de nourriture voient ainsi leur espérance de vie augmenter de 30 à 50 %.
D’autres études a posteriori tendent à prouver le contraire ou à relativiser les bienfaits de la Restriction Alimentaire. Disons que pour la grande consommation et les industries alimentaires, ce genre de nouvelle n’est pas vraiment une bonne publicité. Certes, et en même temps, elles financent la recherche.
La science est inévitablement orientée puisqu’elle est financée. Cependant sans ces recherches, financées en grande partie par les industries et les pouvoirs divers et variés (politiques, industriels, religieux, etc), nous ne serions pas aussi avancés. Rester lucide face à l’argument « tout scientifique », comprendre cela et l’utiliser à bon escient. Ou plutôt avec conscience et morale. Avec raison.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » disait le tourangeau François Rabelais. La Science n’est que la Science. Elle n’est dotée de raison. Seuls les Hommes peuvent l’être. La conscience est un autre défi, que nous devons relever aujourd’hui…ou aurions dû relever hier déjà?
Laissons donc les souris en paix et revenons à nos moutons.
J’aurai tendance à penser que la Restriction Alimentaire, qui porte un nom férocement négatif, n’est autre qu’une maitrise saine de son alimentation. De la même manière que je pratique le jeune intermittent à travers le régime du guerrier. En Japonais, « Hara hachi bun me », littéralement « la règle du ventre à 80 % » consiste principalement à ne manger que jusqu’à ce que l’on se sente pratiquement repu mais pas plein. Cette règle peut se traduire en français par la modération. Intéressant non? On le dit bien pour l’alcool, pourquoi ne pas l’exprimer sur le reste?
Outre l’étude Okicent, je trouve ce concept de modération intéressant. Il m’apparaît que cette pratique permettrait de ne pas sursaturer l’organisme par l’alimentation et de lui laisser le temps de travailler correctement et d’effectuer ses cycles.
Pour respecter et maintenir l’équilibre interne naturel de l’organisme.
Vivre en communauté: un réseau social solide et durable
L’alimentation spartiate n’ôte pas pour autant la joie de vivre aux anciens de l’île. Selon l’étude, nombre des nonagénaires et des centenaires sont parfaitement satisfaits de leur sort. Tant de seniors dans les sociétés occidentales souffrent de dépression, si bien que les suicides de personnes âgées ne sont pas rares.
Cet autre facteur est au moins aussi important pour la longévité des habitants d’Okinawa: il s’agit du sentiment d’être respectés et d’être utiles au sein de leur communauté.
Les habitants de l’île font preuve d’un sens marqué de la communauté et sont attentifs à ce que chaque membre de la société, du plus jeune au plus âgé, soit traité avec respect et estime.
Ce type de tissu social solide et durable, reposant sur une grande famille et de nombreux amis avec qui on peut partager ses joies et ses peines, n’est pas l’apanage des habitants d’Okinawa. La Sardaigne et la Nouvelle-Écosse par exemple, deux autres bastions de la longévité, demeurent elles aussi de petites oasis communautaires dans lesquelles les anciens continuent de trouver attention, aide et assistance auprès des plus jeunes.
Par la danse traditionnelle, ils ne font pas que fortifier leur corps. Ils cultivent aussi leur spiritualité. Peut-être, concède le gérontologue Willcox de l’équipe de recherche Okicent, ayant écrit plusieurs ouvrages sur le « régime d’Okinawa », est-ce finalement ce qui les gratifie d’une dose de santé supplémentaire.
Les habitants d’Okinawa sont également des adeptes des pratiques méditatives.
Pour conclure, voici le site de l’étude scientifique menée sur l’île d’Okinawa (en anglais) https://www.okicent.org