Marcher pieds nus est (re)devenu un véritable plaisir. Pour cause, les sens éveillés sont à la recherche d’informations naturelles. Le contact avec le sol est un bon moyen de leur en procurer. Imaginez un chien de chasse humant l’air, truffe au vent, captivé par le flux d’informations olfactives qu’il reçoit. Maintenant imaginez ce même chien muselière sur le museau. C’est en quelque sorte ce que nous infligeons à nos sens en portant des chaussures. Certes elles sont confortables, mais le confort est-il toujours salutaire? Les gants aussi sont confortables, pour autant ils amputent la main d’une grande partie de ses sensations, diminuent la dextérité. C’est pourquoi nous les enlevons dès que l’occasion se présente. Homos Sapiens Sapiens, si sage soit-il, aurait-il confondu confort et utilité à un moment dans son évolution?
Quel plaisir que celui de fouler un sol tendre chauffé par les rayons du soleil. En plus d’être agréable, évoluer pieds nus apporte de nombreux bénéfices pour la santé et le mouvement naturel. Pourquoi marcher pieds nus? Parce que les chaussures apportent en réalité, avec le confort, leur lot de problèmes comme nous allons le voir. Condoléances à cette industrie. Qui veut aller loin ménage sa monture. Et qui veut aller bien marche pieds nus.
C’est en Thaïlande que je renoue avec les pieds nus de manière consistante. Chaque année l’occasion se présente l’été, lors d’un petit séjour surf ou simplement à la plage ou sur le sol chaud, à la maison. Mais trop peu pour que le pied reprenne sa pleine forme. Ici c’est tous les jours et tout le temps: entrainement, marche, course, corde à sauter, scooter,… tout se fait pieds nus.
Cette expérience en Asie m’a soudainement remémoré le temps où j’habitais Hawaii et où ma vie se déroulait également pieds nus. J’en ressentais l’aspect bénéfique sans en avoir pleinement conscience. Alors je me suis interrogé. Pourquoi? Pourquoi as-tu cessé de te balader nus pieds? Un plaisir si simple!
Marcher pieds nus apporte autant de bienfaits que de plaisirs
Tout d’abord, il n’existe aucune raison de s’en priver. Parmi les petits plaisirs simples de la vie, non seulement il est à consommer sans modération, mais il est salutaire de surcroit.
Prenons un exemple que nous avons déjà exploré ensemble, celui de la réflexologie. Cette pratique consiste à libérer des énergies accumulées qui ne circulent pas naturellement à travers le corps, pouvant être la source de différentes pathologies. Une libération possible grâce à la pression de points stratégiques sensibles qui se trouvent sous la plante des pieds. Voir l’article : la réflexologie, c’est quoi?.
Marcher pieds nus s’inscrit pleinement dans cette thérapie. Le phénomène active différents processus naturels bénéfiques à la santé. Outre la circulation de l’énergie, marcher sans chaussures favorise le bon fonctionnement de l’organisme, du corps et de l’esprit.
Bienfaits physiques
Le pied est un amortisseur naturel de haute technologie. Il est le premier contact avec le sol, premier rempart à la gravité. Il est conçu pour supporter le poids de notre corps immobile comme son poids décuplé par la force en mouvement. Il est fait pour cela, formé naturellement à cela pendant la croissance. Ajouter de l’amorti est, outre contre nature, contreproductif voire néfaste lorsqu’on regarde le tableau dans son ensemble. Le bon exemple de « Less is more ».
Le pied est notre premier stabilisateur dans l’espace. Ajouter une pièce à un outil parfait revient à changer son équilibre et son fonctionnement. Des pieds constamment serrés dans des chaussures ont très peu la chance de se développer. On appréciera ainsi le yoga, la marche dans le gazon ou tout simplement vivre pieds nus pour redonner aux muscles leur rôle de stabilisateurs et les laisser se développer en paix.
Le pied assure également le rôle de propulseur, et ce sans réacteur au talon. Incroyable. C’est un vecteur primordial au mouvement humain. Il a besoin de toute sa liberté pour être totalement opérant.
Marcher pieds nus permet de retrouver sa démarche naturelle. La manière dont notre foulée doit s’articuler, dont le pied doit se positionner et dérouler son mouvement. Les pieds peuvent être déformés après avoir passé des années malmenés dans des chaussures. Il faudra leur laisser du temps pour reprendre leur forme naturelle et leur vigueur. Plus ils seront libres de mouvement et plus ils auront la place nécessaire pour reprendre leur galbe.
S’ensuit le reste de la démarche et toute la posture. Il n’est pas étonnant de soigner ainsi des blessures récurrentes aux genoux ou au dos. En marchant pieds nus… Oui, marcher pieds nus diminue le risque de blessure, et peut les soigner.
Bienfaits physiologiques et psychologiques
Évoluer pieds nus permet d’augmenter le sens précieux du toucher. En connectant avec le sol, ils retrouvent ainsi leur sensibilité petit à petit, agissant tels de véritables capteurs. En effet, les pieds regorgent de terminaisons nerveuses. Celles-ci vont être activées lorsque l’on marche pieds nus. En contact avec le sol, la voûte plantaire bénéficie d’une sorte de massage naturel. Un massage relaxant qui va améliorer notre bien-être et au-delà, notre santé. Les signaux entre les pieds et la tête sont réactivés d’une part et d’autre part, les terminaisons nerveuses « réactivées » nous permettent de percevoir un grand nombre de sensations jusqu’alors oubliées. Un plus incontestable pour les adeptes de la méditation pleine conscience.
Outre la sensation forte agréable de fouler une pierre chaude, sentir la caresse de l’herbe, la tendresse du bois ou encore le moelleux de la mousse, c’est bien de la connexion avec la terre que provient le plus grand bienfait.
En effet, marcher pieds nus aide à se concentrer sur son corps et ses mouvements, faire le vide intérieur et observer l’étendue de nos émotions. La concentration est instinctivement plus forte car il n’y a plus de filtre, plus de filet là où vos pieds se posent. Des sensations plus intenses encore, lorsque nous marchons en nature, sur un sol couvert d’herbe, de mousse ou de terre. Et que se passe-t-il lorsque l’attention est dans le moment présent? C’est le principe de la méditation pleine conscience, vous chassez le stress.
Earthing
Avez-vous déjà entendu parler de « grounding » ou « earthing »? Il s’agit du principe de la prise de terre, appliquée à l’homme. Lorsque l’on marche pieds nus, il se produit un contact électroconducteur entre le corps et la surface de la Terre. C’est ce phénomène que l’on appelle le grounding, ou earthing.
La Terre porte une charge négative considérable. Elle est chargée en électrons en permanence et elle est une abondante source d’antioxydants et d’électrons casseurs de radicaux libres. Notre corps est parfaitement réglé pour « fonctionner » avec la terre dans le sens où il existe un flux constant d’énergie entre l’un et l’autre.
En posant les pieds sur le sol, nous absorbons de grandes quantités d’électrons négatifs par l’intermédiaire de la plante des pieds. L’effet est suffisant pour maintenir le corps au même niveau de potentiel électrique chargé négativement que la Terre.
Ce simple processus de grounding est l’un des antioxydants les plus puissants que nous connaissions. Il a été démontré que le grounding soulage la douleur, réduit l’inflammation, améliore le sommeil, favorise le bien-être et bien d’autres choses encore comme l’amélioration de la réponse immunitaire, la cicatrisation des blessures, et la prévention et le traitement des maladies chroniques inflammatoires et auto-immunes.
Dans notre monde moderne, ceci est plus important que jamais. Pourtant les gens se connectent de moins en moins à la Terre de cette façon. Le stress des radicaux libres provenant de l’exposition à la pollution, aux cigarettes, aux insecticides, aux pesticides, à l’abus d’alcool et aux radiations, pour n’en citer que quelques sources, épuise constamment notre corps de ses électrons.
Le simple fait de sortir à l’air libre, pieds nus, et de toucher la terre pour permettre à la charge excessive de notre corps de se décharger dans la Terre, permet d’éliminer une partie du stress qui est infligé en permanence à notre système.
En ayant les pieds nus, à l’air libre, on se sent plus léger physiquement et mentalement. L’anxiété s’apaise et on entre plus en phase avec soi-même. Au final, marcher pieds nus s’apparente à une liberté retrouvée du corps et de l’esprit, qui contribue à un sobre bonheur.
Cette première partie constitue l’argumentaire contre la chaussure / pour le pied nu dans l’absolu. Je souscris à tout ce qui est avancé et pense qu’il était bien utile de rappeler ces principes de base. Maintenant, il convient de faire une recherche historique pour comprendre tout de même ce qui a motivé l’apparition de la protection et de l’habillage du pied nu, et ainsi raisonner à partir de cette analyse. Quel(s) besoin(s) les inventeurs de la chaussure ont-ils ressenti? Comment s’est-elle imposée et pourquoi en sommes-nous pratiquement tous dotés?
Un peu d’histoire
Les scientifiques ont conclu que les êtres humains fabriquaient déjà des chaussures il y a 40 000 ans grâce à des recherches au niveau du développement osseux. En effet, le port de chaussures modifie et réduit la charge sur le squelette du pied (c’est d’ailleurs là tout notre sujet 😉 ) Ces changements étaient visibles sur des ossements trouvés datant de cette époque.
Les premières preuves visuelles du port de chaussures ont été découvertes sur des fresques. Ces témoins datant d’il y a environ 15 000 ans dépeignent des chasseurs portant des bottes en peau d’animal et en fourrure.
Des chaussures anciennes, faites en écorce d’armoise, ont été trouvées dans une grotte de l’Orégon aux États-Unis. Elles auraient plus de 10 000 ans.
La première chaussure en cuir, la plus ancienne retrouvée à ce jour, remonte quant à elle à 5500 ans. Elle fut découverte en Arménie.
Pas exactement le dernier modèle de Jordan.
Ainsi, sans chauffage au sol dans la grotte, la fonction première paraît être l’utilité. La pratique, en l’occurrence la fonction d’isolant thermique. Se protéger du froid pour les pièces en cuir et en paille. Se protéger du chaud avec par exemple les sandales égyptiennes (environ 3000 ans avant JC). Par la force des choses, la peau du pied a pu s’attendrir, ajoutant ainsi naturellement à la semelle une dimension protectrice plus importante.
La chaussure remplira sa fonction première, utile protection, pendant la majeure partie de son existence si nous considérons l’échelle de son histoire.
Dans l’Égypte ancienne peut être constaté un changement majeur: les chaussures étaient des sandales qui se déclinaient en différents matériaux. Elles étaient conçues en cuir, en paille tressée, avec des lanières de feuilles de palmier ou de papyrus, voire en or pour les pharaons. Nous ne sommes plus uniquement dans l’utilité simple ici mais dans l’expression d’un statut social. Chez les Romains, la sandale était également un signe distinctif qui différenciait les hommes libres des esclaves. Ces derniers n’avaient pas le droit d’en porter. Elles sont indices du rang et de la fortune.
À partir du Moyen Âge, l’histoire des chaussures, liée désormais à celle du costume, devient non seulement une affaire de statut social mais aussi de mode. Les chaussures sont des accessoires d’apparat dans les cours royales. Marie-Antoinette en aurait possédé jusqu’à 500 paires. Il fut un temps où plus le rang social d’une personne était élevé, plus la pointe de sa chaussure était longue. Pour les rois, elle pouvait être aussi grande qu’ils le souhaitaient! Est-ce pour cela que les clowns portent de si grandes chaussures? Simple pensée 😉
Est-ce là le premier dérapage de la chaussure? Vous me direz c’est humain. Certes. Mais c’est bête également. Ironie du sort, avec ce que nous savons aujourd’hui des effets des souliers sur le corps: les mieux chaussés en apparence ne l’étaient finalement pas, et ne le sont d’ailleurs toujours pas.
Vient ensuite le temps des grands progrès de la science, l’industrialisation massive, la consommation, le marketing, et la technologie reine. Pas d’exposé nécessaire alors que nous en sommes contemporains. Un constat sur cet aspect singulier, sans conscience, de la modernité, si bien illustré par les souliers et nous qui les portons: il ne s’agit plus d’un dérapage mais plutôt d’une sombre farce tragique.
Nous avons vu que le port de chaussures, même extrêmement basiques, munies d’une simple semelle de cuir ou d’écorce, modifie et réduit la charge sur le squelette du pied, engendrant des répercussions visibles sur le corps humain. Imaginez donc l’effet de chaussures modernes, et encore plus fort, celui des Air Gel Triple amortis avec propulseur, sur ce même squelette du pied.
Pour conclure d’illustrer l’idée, le pied n’étant pas un élément isolé du corps mais bien le socle qui permet le mouvement humain, base reliée à toutes les articulations, il faut bien se rendre compte des répercussions sur un système global et non sur un membre unique: genoux, bassin, dos, posture, etc., pour ce qui est du visible et concret.
Les chaussures modernes dégradent
Certaines chaussures comme les tongs, les chaussures serrées ou les talons hauts, peuvent endommager la structure du pied et dégrader la façon de marcher.
Les talons hauts, par exemple, placent le pied en avant dans une position qui n’est pas naturelle, et augmentent le poids supporté par les orteils.
Le corps bascule vers l’avant, ainsi il faut se pencher en arrière et cambrer le dos de pour compenser. Com-pen-ser. Une posture qui modifie la démarche naturelle et inflige une pression considérable aux hanches, aux lombaires et aux genoux.
Les chaussures de course modernes, aux talons largement rembourrés et surélevés, génèrent des problèmes en encourageant les coureurs à frapper le sol avec le talon en premier. Un mouvement contre nature qui engendre un choc plus important avec le sol, augmentant les risques de blessure potentielle.
La marche sur l’avant et sur la partie médiane du pied était courante lorsque l’homme marchait pieds nus ou avec des chaussures minimalistes. Une démarche qui protège les pieds et les membres inférieurs des blessures liées aux impacts dont souffrent aujourd’hui de nombreux pratiquants de course à pied.
Prenons le dans le sens que nous voulons : marcher pieds nus diminue le risque de blessure / porter des chaussures augmente le risque de blessure. Le tableau étant dressé, en ajoutant un peu de raison dans tout cela, en faisant preuve de conscience, que peut-il en ressortir? Doit-on fuir les chaussures?
Que faire?
Il ne serait pas cohérent, voire réactionnaire, de plaider l’abandon définitif des chaussures. L’homme s’en est tout d’abord doté comme d’une protection et elle lui est nécessaire dans certaines situations. En cela il n’y a rien à dire: isoler du chaud, du froid, protéger des sols tranchants et difficiles. En somme, un outil bien pratique.
En revanche, débarrassons-nous de l’idée de la représentation du pauvre sans chaussures, du va-nu-pieds ou encore celle du marginal, du nomade ou du roots. D’autant plus que ce dernier marchant pieds nus a assurément un meilleur système de mouvement, plus naturel et fluide que celui qui est chaussé. De ce point de vue, qui est le riche et qui est le pauvre?
Nous pouvons passer au-dessus du rang social que la chaussure représente encore. Au moins quelque temps. Celui des vacances, du temps libre, etc. Choisissez simple, choisissez utile, efficace. Si en plus elles vous plaisent, alors tant mieux. On peut être coquet et soigner son apparence tant qu’elle ne passe pas avant la fonction primaire de l’outil. Avec l’offre gargantuesque existante aujourd’hui, il n’est vraiment pas difficile de concilier l’utile et l’agréable.
Méfiez-vous terriblement de la technologie et du marketing de cette technologie. De nombreuses études démontrent la corrélation positive entre le risque de blessure et le prix des chaussures de sport: plus le prix est élevé plus le risque est grand. Les chaussures les plus chers mettant en général en avant des technologies d’amortis, de propulsion, de stabilisation, etc.
Le constat est le suivant: lorsque la chaussure remplit son rôle premier, celui d’isolant thermique, voire dans certains cas extrêmes de protection de la peau : OK. Lorsque la chaussure tend à améliorer quoi que ce soit dans la posture, la performance, la démarche, etc., PAS OK. (ps: ceci ne concernent évidement pas les chaussures orthopédiques qui aident contre des malformations réelles).
Alors finalement (hors conditions extrêmes et cas particulier), des chaussures basiques d’entrée de gamme avec un faible drop vous garderont plutôt à l’abri des blessures et rempliront leur fonction première de protection du petit peton à merveille. Idéal si vous vous déplacez principalement sur des surfaces dures (comme le bitume) auxquelles notre pied n’est pas bien adapté, contrairement à des sols naturels plus tendres comme la terre ou l’herbe.
Pour ce qui est de la mode et l’apparence, il ne m’appartient pas de commenter cela. Chacun est libre d’y accorder l’importance souhaitée tant qu’elle ne prévaut pas à la fonction première de la chaussure, qui pour rappel n’est pas le Moonwalk mais l’isolation.
Enfin et surtout, autorisez-vous à redécouvrir la sensation de fouler le sol avec un pied nu. Retrouvez cette connexion à la terre. Accordez-vous cela, vous le méritez et en avez bien plus besoin que la dernière paire de Louboutin.
Pour les petits, comme pour les grands
Choisir ce qui va habiller les pieds de vos enfants et ados est important pour favoriser le développement optimal de la démarche, des courbes de la colonne vertébrale, la stabilisation profonde du corps, le bon alignement des os et le contrôle efficace du corps par le système nerveux. Mais peut-être aimez-vous vos enfants? Admettons l’hypothèse ;). N’optez donc pour pas pour la dernière paire de Nike Air qu’ils porteront deux mois. Laissez-les marcher pieds nus.
Il y a une multitude d’articulations dans notre pied. Avec les mauvaises chaussures, une grande partie et parfois la totalité, ne peut bouger correctement. Il suffit d’observer l’anatomie du pied: quelque chose comme 28 os, 16 articulations, 107 ligaments, 27 muscles, plus de 200 000 terminaisons nerveuses. Un bijou de conception. C’est un membre complexe et abouti, dédié au mouvement. Une mécanique organique de pointe, inégalable en sa fonction. Il n’a nul besoin de se voir « aider » et en réalité entraver. Allons, un peu d’humilité!
Laissez vos enfants être pieds nus le plus possible comme il faut les laisser courir, sauter, danser, tomber, se relever, encore et encore. Même la meilleure chaussure ne peut égaler le pied nu. Les enfants ont d’ailleurs d’emblée cette intuition naturelle, celle d’être et rester pieds nus.
Une semelle de chaussure entre le pied et le sol empêche les nerfs du pied de sentir des informations importantes comme la température, la texture du sol, et d’autres facteurs environnementaux. Des informations qui étaient jadis précieuses à notre survie. Une époque certes révolue mais il n’en demeure pas moins que les nerfs existent et qu’ils doivent ressentir des choses. Ils ne sont ni sains ni parfaitement opérants lorsqu’ils sont privés de stimulus. C’est juste leur raison d’être après tout.
On pourrait penser que le risque de se blesser en marchant sur un objet tranchant est suffisamment dissuasif. En réalité les pieds ont les moyens de compenser ce risque. En effet, plus vous marchez pieds nus, plus votre peau devient résistante. C’est la corne. De plus, la concentration augmente intuitivement, comme nous l’avons vu et comme le souligne le Washington Post :
« Tant les enfants que les adultes qui marchent souvent pieds nus ont aussi une meilleure perception de leur environnement, et repèrent facilement un objet tranchant à éviter. »
Avec toutes ses terminaisons nerveuses à l’oeuvre, le pied est un outil particulièrement sensible qui collecte et envoie une multitude d’informations, favorisera la protection du pied mais surtout favorisera le développement du système nerveux et du cerveau chez l’enfant comme le souligne le Dr. Kacie Flegal, pédiatre et chiropraticienne.
Marcher pieds nus aussi souvent que possible contribue à muscler les pieds et les jambes tout en améliorant la proprioception: la perception inconsciente des mouvements et de l’orientation dans l’espace, résultant de stimuli situés dans le corps. Voici ce que le Dr. Kacie Flegal a indiqué au Washington Post :
« L’une des façons les plus simples de motiver la proprioception et le développement du système vestibulaire est de laisser nos bébés pieds nus aussi souvent que possible … cela présente également l’avantage d’encourager la présence d’esprit et l’éveil de la conscience.
À mesure que les pieds des bébés sentent, bougent et trouvent leur équilibre sur les surfaces qu’ils explorent, par l’intermédiaire de leur voute plantaire, les informations envoyées au cerveau par les voies tactile, proprioceptive et vestibulaire, étouffent, ou inhibent les autres informations sensorielles parasites.
Cela crée une attention et une conscience du fait de marcher et de se déplacer dans l’espace ; les bébés sont mieux connectés à leur environnement. »
Tout un équilibre, physique et psychologique.
Vers le minimalisme
Ce que nous appelons aujourd’hui minimalisme est le contrepied de la consommation de masse, « less is more ». Nous aurons l’occasion d’étayer ce titre dans un autre texte. En attendant, nous voyons des coureurs modernes, y compris des athlètes, s’élancer pieds nus ou avec des semelles minimales pour courir des marathons voir des ultratrails (par exemple 160km) et plus. Pourquoi?
Les indiens Tarahumaras ont conservé cette sagesse. Ils sont un peuple isolé dans les canyons d’Amérique centrale, dont l’art de vivre tourne autour de la course à pied. Chaussés de simples sandales en caoutchouc découpé dans un morceau de pneu, ils courent des marathons, trails et autres ultratrails à travers l’immensité des canyons. Quand on constate leurs performances sur des terrains très accidentés, parfois tranchants, cela laisse dubitatif sur l’intérêt que peut représenter l’investissement dans des chaussures de courses, même minimalistes…
Ceci est conté sans paillette dans le livre Born to Run – Né pour courir. Je vous recommande la lecture de cette bible de la course à pied. Elle vous donnera l’envie de parcourir les sentiers à perdre haleine, vous perdre dans la nature alors que vous trouverez un sens profond ancré en vous-même. Celui selon lequel nous sommes nés pour courir, pour bouger.
L’image du coureur minimaliste est celle de l’homme qui revient à ses racines, à la course libre, sans chaussures ou avec de très fines semelles. Elle dépeint un mouvement plus profond. Celui de la reconnexion avec la terre, avec la nature, avec la simplicité de ce qui est déjà et sa reconnaissance. Une gratitude pour le mouvement et les sensations de la vie. Une conscience grandissante revenant à la raison. Vers la sobriété heureuse comme le dirait Pierre Rabhi.
Sans hasard je comprends aujourd’hui le bienfait de marcher pieds nus. J’ai accéléré l’élévation de mon niveau de conscience ces dernières années et lorsque mon pied touche désormais le sol, c’est un bouquet de sensations que je reçois. À propos de mon Être, à propos de mon environnement.
Les cordonniers sont les plus mal chaussés.
Une expression qui proviendrait de Montaigne, déclarant dans les essais que « quand nous voyons un homme mal chaussé, nous disons que ce n’est pas merveille s’il est chaussetier. » Il est vrai que lorsque l’on s’occupe beaucoup des autres, on n’a pas toujours le temps de s’occuper de soi. Ou encore que l’on néglige souvent les avantages que l’on a par rapport à son milieu. Et bien ne vous négligez pas. Prenez réellement soin de vous et ne soyez pas le cordonnier mal chaussé mais l’Être libre sans chaussures.
Marcher pieds nus sur un sol chaud me réchauffe le coeur. Et vous? Pourquoi ne pas profiter d’un été pour se réacclimater?
Pour résumer
Marcher pieds nus dès que vous le pouvez. Reprenez cette bonne habitude. Laissez enfants et ados jouer et évoluer pieds nus le plus longtemps possible. C’est un service que vous leur rendez et leur développement que vous respectez. Tant qu’on y est, prenez soin de vous et accordez-vous ce plaisir simple à chaque occasion. Marcher pieds nus est un moyen d’être mieux connecté au monde.
Pour les amis sportifs qui se sont rendus jusqu’ici, tout d’abord bravo ;). Vous n’êtes pas sans savoir que courir relève d’une technique bien particulière, souvent à l’antipode de ce que nous avons la chance d’observer dans les publicités des fabricants de chaussures de sport. Quelqu’un qui aurait perdu l’habitude ou l’intuition de courir devrait littéralement réapprendre la technique sans se fier à ce qui lui est largement diffusé. Regardez les techniques minimalistes. Lisez Born to Run. Ou encore cet article en bas de page. Et partez du bon pied. C’est-à-dire nu.
Comme l’aurait si bien dit Arthur Lydiard (athlète international et immense entraineur de course à pied) aux chercheurs de Nike: « Quand on protège une zone, elle s’affaiblit. Quand on l’utilise intensément elle se renforce… Courrez pieds nus et vous n’aurez pas tous ces problèmes. » Grand partisan de l’entrainement de fond consistant et pieds nus, il aurait ensuite conclu pour le fabricant « Les chaussures qui laissent le pied fonctionner comme s’il était nu sont faites pour moi ». Ahah.
Super intéressant cet article – lu en 2 fois !
Complètement adepte du pieds nus, j’ai aussi un peu de difficulté à comprendre la notion de « Drop » que tu abordes. Qu’est ce qui est « normal » que puis-je viser ? Un changement en une fois ?
Merci !
Avé Emeric ! Merci. Un commentaire si pertinent qu’on devrait en faire la FAQ de l’article ! Tu as bien raison. Un drop est dit normal lorsqu’il est de 6mm, entre le minimalisme qui est le drop 0 ou proche et les air max et autres gels. Courir puisque c’est de dont on parle, avec un drop de 6mm semble le bon compromis d’amortis, qu’on soit en processus de réduction pour aller vers une expérience minimaliste ou simplement dans une logique durable et respectueuse de cette belle mécanique qu’est le corps humain. Enfin pour terminer, plus le mouvement est habituel… Lire la suite »
bien cet article , effectivement cela fait réfléchir, bien prendre soin de nos chers souffrants!!!
Merci, oui c’est une bonne idée. En prendre soin et les connecter à la source, la terre.