Nous sommes ce que nous mangeons

Vous avez déjà entendu l’adage nous sommes ce que nous mangeons ou encore aperçu le hashtag #youarewhatyoueat. Que je partage ce point de vue à 100% n’est pas très important, en revanche essayer de faire évoluer le vôtre en vous racontant une histoire vraie me paraît tout à fait intéressant. Voici comment puis-je vous servir.

nous sommes ce que nous mangeons

Comment notre alimentation influence ce que nous sommes? Quelle est la profondeur du lien? La nourriture peut-elle changer votre vie? La réponse ici.

Nous sommes ce que nous mangeons

En ce qui me concerne je suis convaincu depuis quelques années que nous sommes ce que nous mangeons. Certes le dire est une chose, en avoir pleinement conscience en est une autre. Il faut l’expérimenter pour en être convaincu. Vous vous doutez bien que je n’aurai pas passé des heures à établir mon top 50 des superaliments dans le cas contraire.

Pour être exact nous sommes aussi ce que nous pensons. Et ce que nous pensons peut être / est influencé par ce que nous mangeons. Par conséquent, sans en connaître une proportion définie, nous sommes en grande partie le résultat de ce que nous mangeons. Comment cela est-ce possible ?

Par les interactions des substances contenues dans l’alimentation avec notre organisme, mais plus généralement notre intérieur. En effet, notre intérieur se compose de notre propre organisme, nos cellules, mais aussi d’un microbiote. Non vous n’êtes pas seuls. Nous sommes peuplés d’un nombre hallucinant d’habitants, qui vivent au sein de notre organisme.

Ainsi, les nutriments fournis par l’alimentation vont nourrir nos cellules et les cellules extérieures à notre organisme qui l’habitent. À leur tour, elles vont échanger avec notre organisme. Ces cellules font à ce titre parties de nous sans être nous. Nos bactéries nous définissent-elles? En tout cas elles nous façonnent.

Que pensez-vous qu’il advienne avec une base nutritionnelle de mauvaise qualité? i.e. non naturelle, transformée, chimico-industrielle, génétiquement modifiée, méconnue de notre organisme. Quand vous utilisez de la merde pour réaliser quelque chose, est-ce que cela fonctionne bien en général? Est-ce que c’est durable? Non. Et bien là c’est pareil.

L’alimentation désigne ce qu’on introduit à l’intérieur de soi chaque jour et donc tant de fois au cours d’une vie. Le tri et l’assimilation par notre corps s’opèrent avec une intelligence encore non élucidée jusqu’à présent. Elle est un élément clé du bien-être: nous sommes ce que nous mangeons.

Respecter l’alimentation spécifique de l’homo sapiens sapiens est devenu, disons-le, chose quasi impossible. En effet nous sommes gavés de produits raffinés,  de sucres et additifs en tous genres, de graisses transformées, etc. Pour la plupart, on avale tout sans se poser de questions. À se demander si nous sommes en train de changer d’espèce?

Alors il est une évidence aujourd’hui et les preuves scientifiques s’entassent: notre alimentation n’est plus adaptée à notre organisme. Trop de viande, trop de laitages, trop de produits porteurs de carences au quotidien. Trop.

La vie porte la vitalité en elle: rajoutons dans nos assiettes plus d’aliments vivants, plus d’aliments de qualité (biologique ou local ou de voisinage). Apprenons à utiliser les superaliments que sont les algues par exemple.

Ainsi une bonne nutrition permet de diminuer les conséquences directes d’une alimentation délétère: l’inflammation et l’acidité qui, comme on le pense, pourraient faire le lit des pathologies graves. Par ailleurs les nutriments de qualité, riches en fibres, vitamines et minéraux, pourvus d’une meilleure biodisponibilité, permettent à notre corps de fonctionner de façon optimale. Ils garantissent un meilleur système immunitaire, une énergie vitale décuplée, une résistance au stress optimisée.

Il est certain que ce que nous mangeons et buvons entraine tout une série de réactions en nous. Ne pas en avoir conscience est un réel handicap. Il en va de notre santé et de notre pensée.

Nous ne sommes pas seuls : le microbiote

Microbiote: ensemble des micro-organismes vivant dans un écosystème donné. i.e. Le microbiote intestinal.

En une phrase, c’est l’ensemble des bactéries, champignons et autres micro-organismes que le corps humain contient.

Il est aujourd’hui absolument certain que le microbiote joue un rôle important dans notre vie. La question est: dans quelle mesure ? Les scientifiques tentent aujourd’hui de mesurer la profondeur du lien intestin – cerveau. La notion demeure encore jeune. Il y a quelques années nous ne savions pas qu’il y avait des neurones à l’oeuvre dans notre système digestif…

Comprenons: lorsque nous mangeons, nous ne sommes pas seuls à table. Il y a une multitude de bouches différentes à nourrir qui présentent des besoins très différents. Une alimentation variée, cela commence-t-il à avoir du sens ?

Le microbiote va interagir avec l’organisme. En bien ou en mal, selon ce dont il dispose… Pour comprendre le processus dans le détail, je vous invite à la lecture du livre le charme discret de l’intestin. Un excellent bouquin, accessible, drôle, solidement sourcé, qui présente ce cher organe mal aimé, pourtant prépondérant chez l’homme.

De l’importance d’une bonne alimentation à comment bien aller à la selle, en passant par l’éclaircissement sur ce « deuxième cerveau » et pourquoi un petit pétou n’est vraiment pas un mal, un bouquin vraiment édifiant dans la quête du bien-être. Si vous avez encore des doutes, il représente un développement irréfutable de la théorie « nous sommes ce que nous mangeons ». Écrit par une jeune médecin allemande, l’ouvrage est factuel et scientifiquement appuyé.

L’histoire que je vais vous raconter maintenant provient de ce livre justement. Elle met en lumière une puissance dépassant ce que je pouvais imaginer. Ainsi je souhaite la partager avec vous afin de bien mesurer l’impact que peut avoir notre nourriture.

Il était une fois Toxoplasma Gondii…

Si vous connaissez les chats vous avez probablement déjà entendu ce nom. Toxoplasma Gondii ou toxoplasme qui est à l’origine de la toxoplasmose chez nos amis félins, est un micro-organisme composé d’une seule cellule (comme une bactérie) mais dont le génome possède une structure bien plus complexe.

Le chat est leur hôte et les toxoplasmes se multiplient dans les intestins de chats uniquement. Tous les animaux ne servent aux toxoplasmes que de véhicule intermédiaire pour aller gagner un prochain matou. Un chat ne peut avoir des toxoplasmes seulement une fois dans sa vie et c’est le moment où il est dangereux pour nous. Les toxoplasmes, en cas d’infection déclarée, sont présents dans les excréments de l’animal. Ils arrivent à maturité après deux journées passées dans la litière.

À ce moment, il est temps pour les toxoplasmes d’aller rejoindre un autre matou.  Sauf que, s’il n’y en a pas dans les parages, ils prennent ce qui leur tombe sous la main… Par exemple un gentil humain changeant la litière. Ces bestioles ont la couenne dure puisqu’elles peuvent patienter jusqu’à cinq ans avant d’emménager chez leur nouvel hôte. Les propriétaires de chats ne sont donc pas les seuls concernés. Vous imaginez bien que durant cinq années, les chats vivent. Ils se promènent, vont dans les jardins, les arbres, les champs, etc. Si bien que la principale source de contamination est la consommation d’aliments crus. À moins que vous ne fréquentiez les restaurants chinois (blague). Voilà pour les présentations. Flippant.

Alors vous allez me dire quel rapport avec l’humain? Pour nous Toxoplasma gondii est un parasite. Il ne nous apporte rien en échange de notre hospitalité. Il squatte en fait. Et même pire, il peut nous nuire en contribuant à nous polluer.

Pour un adulte en bonne santé, l’impact semble faible. La plupart des gens ne remarquent rien du tout. Passé la phase d’infection, les parasites se retirent au coeur de nos tissus et entrent en hibernation. Ils seront présents à vie mais ne nous dérangeront pas et nous ne pourrons plus être infectés à nouveau.  À noter que c’est une autre histoire pour la femme enceinte et que cela peut être très dangereux. En France est pratiqué un examen systématiquement.

Voilà ce qu’on savait de toxoplasma gondii, fin de l’histoire, on passe à autre chose. Jusqu’à ce que Joanne Webster réalise cette expérience avec les rats dans les années 90. Attachez votre ceinture. On y va.

L’expérience consiste à placer un rat dans une cage comportant 4 maisons. Une à chaque coin. Chacune d’entre elles contient une coupelle remplie d’un liquide: de l’urine de rat, de l’eau, de l’urine de lapin ou de l’urine de chat. Un rat, même s’il n’a jamais vu un chat de sa vie, évite les endroits desquels émane une odeur d’urine féline. Tous les rats se comportent de la même manière à ce propos. Ils font un petit tour dans la cage et se retirent dans une maison qui contient un liquide inoffensif pour lui.

Au cours de son expérience, la scientifique nota un changement de comportement anormal. En effet, les rongeurs semblaient soudain sans crainte. Ils exploraient tous les recoins de la cage, pénétrant, contre leur instinct, dans la maison marquée par l’urine de chat! Jusqu’à y rester même un certain temps. Aussi sur des périodes d’observations plus longues, Joanne Webster put constater qu’ils allaient même préférer cette maison urine de chat aux autres. Totalement contre nature pour les rongeurs, une odeur mémorisée comme signe de danger mortel devient attirante.

Savez-vous quelle était la seule différence entre ces rongeurs et les rongeurs « normaux » ? Les kamikazes avaient tous été infectés par des toxoplasmes… En poussant le rat dans la gueule du chat, le parasite avait trouvé le moyen de rejoindre son hôte définitif. Là cela devient flippant. L’ingénieux microorganisme parasite aurait donc une forme d’intelligence, qu’il utilise pour influencer son destin et la réalisation de sa raison d’être.

Bronca au sein de la communauté scientifique. L’expérience fut vérifiée, revérifiée, réitérée par les laboratoires: mêmes résultats, même évidence. Comment de minuscules parasites pouvaient-ils influencer à ce point le comportement de petits mammifères? La question est quand même mourir ou ne pas mourir… Un organisme évolué devrait pouvoir répondre à cette question sans avoir à prendre en considération les desseins de vulgaires parasites.

Devrait… Cela était ce qu’on pensait. La réalité est tout autre. La science se respectant, nous avons entrepris des études sur les humains. Situation bien plus complexe, une réponse totale ne peut encore être apportée. Cependant il a été démontré que la probabilité d’être impliqué dans un accident de la route est plus élevée lorsqu’on est colonisé par des toxoplasmes. Pour être plus précis, surtout lorsque l’affection bat son plein et que le sujet appartient à un groupe sanguin rhésus négatif. Certains groupes étant mieux protégés que d’autres en matière d’infection parasitaire.

Alors on se dit, quel rapport puisque les chats, a priori, ne mangent pas les humains, et que le dessein ultime de toxoplasma gondii est de retourner de là où il vient pour accomplir sa mission, dans les tripes de matou. Qu’est-ce que les accidents et, allons plus loin, les attitudes suicidaires chez les humains peuvent bien avoir à faire là-dedans? Souvenez-vous, la question est celle de la survie, mourir ou ne pas mourir. Comment l’instinct naturel est-il influencé, changé, voire retourné?

Nous lions ainsi la biologie à la neuroscience. D’ailleurs existe-il en réalité des cloisons entre des sciences nommées par l’humain pour sa bonne compréhension? Certainement pas. La peur est associée à une partie du cerveau qu’on appelle l’amygdale. Les examens sur les personnes hébergeant le parasite montrent que les squatteurs se situent le plus souvent dans les muscles et le cerveau. Au sein du cerveau, c’est dans l’amygdale puis dans le centre d’olfaction qu’on retrouve le plus fréquemment les gêneurs. Ouch. La troisième zone du cerveau où on les retrouve le plus se situe juste derrière le front. À chaque seconde cette partie du cerveau créerait des possibilités (des centaines), certaines étant sélectionnées pour devenir réalité, selon les chercheurs en neurologie. Ouch². Un parasite ambitieux aurait vraiment toutes les raisons de venir s’établir dans cette zone…

Il convenait dès lors de répéter l’expérience des rats de Joanne Webster sur des humains priés de humer différentes urines animales. Ceinture. Les « cobayes », hébergeant des toxoplasmes, n’évaluent pas l’urine de chat de la même manière que les sujets sans parasite. Au sein de ce groupe même, les hommes apprécient nettement plus l’odeur, les femmes moins.

L’odorat, l’un de nos fondamentaux

L’odorat est l’un de nos sens les plus fondamentaux. Contrairement aux autres sens, les impressions olfactives ne sont pas contrôlées sur le chemin qui les mène à notre conscient. Nous ne rêvons jamais d’odeur car nous ne le pouvons pas. Une odeur a la capacité de faire naître un sentiment d’attirance, comme vous l’avez déjà expérimenté dans votre vie avec un être aimé.

Comme le marketing olfactif s’y emploie. Comme une truie le sait. Si elle creuse le sol en quête du Graal du champignon, c’est en réalité car la truffe émet une substance odorante, un stéroïde, constituant majeur des phéromones des beaux porcs mâles. On la retrouve aussi dans la sueur des hommes. Ces phéromones attirent naturellement les truies pour la reproduction.

Tout comme les toxoplasmes le savent…

Si un autre être vivant peut changer de la sorte notre perception des odeurs, se pourrait-il qu’il ait la capacité de générer d’autres impressions sensorielles? Nous sommes ce que nous mangeons prend ici tout son sens.

En passant, parenthèse sur l’odorat, voilà une très bonne raison de ne pas fumer. Fumer prive l’humain d’une partie de sa capacité olfactive. Ce qui est vraiment pénalisant dans la vie, ne serait-ce que dans le plaisir. 

Il est une maladie dont le symptôme principal consiste en une perception sensorielle erronée: la schizophrénie. Les patients atteints de schizophrénie ne sont pas tous porteurs de parasites mais parmi les malades, deux fois plus de personnes hébergent des toxoplasmes.

Ainsi le lien entre toxoplasma gondii et les pensées semblent assez établi. Il pourrait nous influencer en agissant sur les centres cérébraux responsables de la peur, des odeurs et du comportement. Une plus forte probabilité d’accidents, de tentatives de suicide ou de schizophrénie chez les individus porteurs du parasite indique que l’infection laisse des traces lourdes sur certains d’entre nous. Quid des autres microorganismes existants? Comment nous influencent-ils?

Évidement l’alimentation est un sujet fondamental qu’il faut mettre sous les projecteurs lorsque nous souhaitons comprendre notre fonctionnement naturel. Après cette démonstration, qui (de non infecté par notre ami toxoplasma gondii), irait introduire en son organisme un poison ou quelque chose de mauvais pour son Être? Comme des sucres ou gras transformés par exemple. En pleine conscience, vraiment personne.

Terrifiant? Pas vraiment. La nature n’en demeure pas moins bien faite. Je ne crois pas qu’un parasite seul puisse avoir l’influence nécessaire pour changer une vie humaine. En revanche à son niveau, il y contribuera et nous polluera, selon sa nature. Que la nôtre saura contrer si elle est respectée et en bonne santé. Dans la nature, chaque menace trouve sa parade. Que c’est principalement le non-respect quotidien et substantiel de l’équilibre naturel qui engendre les pathologies.

Il s’agit de ré-assimiler combien nous sommes intimement liés à notre nourriture, aux animaux, et au minuscule peuple qui nous habite. Comment notre santé physique et mentale en dépend. À quel point nous sommes ce que nous mangeons. Combien cela contribue à notre alignement.

Pour ces raisons, l’alimentation est un des trois piliers VCLP.

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Victor Petit
19 juillet 2018 11 h 06 min

Excellent article Fab. Très instructif.
Il y a un livre qui peut peut-être t’intéresser sur ce sujet : « Le ventre des philosophes », le tout premier livre de Michel Onfray. Ou comment les habitudes alimentaires influencent la pensée des philosophes… Et inversement ?

Régénération avec Thierry Casanovas | L'actualité de Lunesoleil
12 mars 2023 19 h 25 min

[…] Nous sommes ce que nous mangeons […]

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