Le bien-être au travail est aussi important que le bien-être ailleurs, et ce dans toute activité ou phase de la vie. Il ne connaît pas de cloisonnement, et il ne devrait pas en rencontrer tant il est moteur de la performance naturelle d’un individu. Si la vie privée est la responsabilité de chacun, l’entreprise a sa part dans le bien-être des femmes et hommes qui la composent. D’un point de vue psychologique comme économique, une entreprise a intérêt à cultiver le bien-être au travail. En effet, un salarié heureux est un salarié performant, à minima dans les conditions favorables à la performance. D’où la prééminence du développement personnel en entreprise.
Une fameuse étude conduite par le MIT et Harvard montre que les salariés heureux sont deux fois moins malades, 6 fois moins absents, 9 fois plus loyaux, 31% plus productifs et enfin 55% plus créatifs. Rien de moins !
Outre les chiffres, l’idée selon laquelle un salarié heureux est un salarié mis dans les meilleures dispositions, coule de source. Nous sommes en train de dire que l’entreprise et ses salariés auraient les mêmes intérêts. Le salarié heureux est plus performant et sert mieux son entreprise.
Ainsi, bonheur et performance sont liés. Peut-être est-ce pour cela que l’on nomme « développement personnel ». L’exploitation du plein potentiel, donc d’une performance naturelle dans toutes ses dimensions, y compris celle de l’activité professionnelle, permet la réalisation de soi.
Vous comprenez ici que nous entendons par bonheur, bien-être, la voie de la réalisation de soi. Autrement dit réaliser sa nature profonde. Et que cette réalisation induit la performance naturelle ou n’est pas.
Ainsi l’un des talents premiers d’une entreprise serait d’aider la réalisation de ses effectifs afin que s’alimentent chez eux le bien-être, l’alignement, et de fait la performance pour tous.
Le rôle de l’entreprise
Les entreprises représentent une invention humaine puissante. On y retrouve l’apogée de la collaboration comme le paroxysme de la compétition. Certaines entreprises semblent aujourd’hui plus influentes que des états.
Lorsque nous observons les entreprises les plus performantes, on retrouve au centre le facteur humain. Les hommes et femmes qui la façonnent. Mais le chemin est sinueux pour les organisations, tiraillées entre les actionnaires, le non-humanisme de la finance moderne et le respect de ses effectifs et de l’environnement. Parfois proche du grand écart.
L’entreprise qui soigne infailliblement ses actionnaires est souvent performante, donc potentiellement avec des salariés « heureux ». De plus avec des salariés « intéressés », façon d’aligner les intérêts.
Reste à juger de sa raison d’être, des projets qui l’animent. Nous décrions celle qui n’a plus d’âme, plus de sens, qui marche contre l’intérêt de l’humanité. Contre des valeurs humanistes. En somme l’antipode du capitalisme karmique, ou conscient. Rappelons ce terme : raison sociale. Initialement, une entreprise existe pour une raison, sociale. Elle est sensée apporter à l’humanité, pas la détruire.
Un débat philosophique dont une part de dits « grands décideurs » ne peut se préoccuper tant ils sont occupés à s’éloigner de la réalité et de la nature des choses. Revenons à une échelle tangible. Celle d’un individu, ou d’un groupe d’individus. D’une entreprise locale. Celle du terrain. Celle de la réalité.
Outre son projet, sa raison d’être, ses effectifs sont son fuel et font sa réussite. Dès lors, il convient nécessairement de prendre soin d’eux.
Certes au nom de la performance, mais aussi au nom de l’essence même de l’entreprise qui est une raison sociale, une invention humaine, au service des humains et non l’inverse. L’entreprise ne prévaut pas à l’humain. Cela semble trivial, pourtant combien de personnes se définissent par leur travail ?
D’ailleurs pourquoi ce mot travail ? Du latin tripalium, instrument de torture composé de trois pieux. En effet, historiquement, le travail désigne la souffrance, la douleur. Un brin éloigné du bien-être… Forcer, contraindre, imposer, finit toujours mal pour la simple raison que ces volontés humaines s’opposent à la conscience.
Le « smart Manager » entend clairement que le bien-être de ses équipes est garants de sa réussite et de celle de son patron. Essorer le monde ne dure qu’un temps. Et il n’est pas celui de la qualité.
Certes, nous vivons au temps de l’info en temps réel, cette immédiate et pauvre information, non digérée, dans l’émotion, portée par le mental. Scoop : ce temps prendra fin car il est sans teneur. Or nous savons parfaitement, pour qui des valeurs demeurent, que l’essorage n’est pas le modèle pérenne mais celui qui génère la négativité.
Outre l’impact climatique, le management doit se soucier de l’impact psychique, moral, qu’il produit. Nous reviendrons aux valeurs, de celles qui sont valables. Elles seules existent dans le futur. Le reste est un écran de fumée.
Ainsi, si vous souhaitez faire de la qualité, du « bon travail », vous inscrire dans une entreprise durable, c’est l’approche du bien-être de vos troupes que vous devez non seulement pratiquer, mais prodiguer.
Et quelle est cette approche ? Celle du développement personnel en entreprise.
Du développement personnel au développement collectif
Le développement se cultive. Une personne qui va bien, qui est intéressée, qui aime, à tendance à faire naturellement bien. Un groupe de personnes alignées sur cette tendance créée une synergie et favorise un développement collectif. Un cercle vertueux pour une société. Il en va de même pour un état.
Le développement personnel peut aboutir en un développement collectif salutaire. En effet, un individu seul peut influencer le collectif : il s’agit d’une potentialité. En revanche, une somme d’individus influencera nécessairement le collectif. Encore nous faut-il définir ce développement personnel.
Pour le résumer en une phrase, il est la construction de soi et par la même une meilleure compréhension du monde. Il équivaut à devenir qui on est. À aligner nature et culture. Nous y reviendrons plus précisément dans un article dédié.
Notons que la construction de soi est nécessaire pour exister, et non pour vivre. Or ici, il s’agit bien d’exister.
En commençant au niveau de l’entreprise par aller à un autre niveau de pensée que celui de la recherche ultime de la productivité. Par exemple par la recherche pure du bien-être de ses troupes et de soi-même. Sans autre objectif aucun.
Il n’existe pas une seule bonne méthode mais une multitude d’approches. C’est le principe qui compte. La finalité doit être l’élévation du potentiel. Et ceci est à noter : bien que des efforts soient faits, avec par exemple l‘happy management, et l’apparition des Chief Happy Officer (bonheur en entreprise), concept venu des États-Unis qui prône le bien-être au travail afin de demeurer productif, il passe par l’élévation de conscience.
Nous le savons, si ce n’est depuis toujours, au moins depuis l’antiquité : la connaissance de soi-même est la clé. Socrate et Bouddha, à la même époque, transmettent et cultivent cette sagesse : connais-toi toi-même. Socrate va donner une tout autre signification à ce précepte inscrit sur le temple de Delphe : « Sache qu’il y a en toi un principe d’excellence qui doit guider tes actions : la raison« .
Ainsi, c’est par une réponse raisonnable, individuelle, que nous changeons le collectif et c’est par un développement collectif que nous changeons significativement le monde.
Ceci démontre la primeur du développement personnel. Tant au niveau individuel que collectif. Et de surcroît la responsabilité des organisations.
En développement personnel, chacun investit sur soi-même. De la même manière une entreprise performante investira sur ses effectifs.
Le « bon » développement personnel n’est pas le succès dans sa définition moderne, communément servie. Il n’existe pas dans les paradigmes d’un système chancelant. Pourtant bon nombre viennent utiliser les termes de développement personnel, de conscience pour connecter des idées qui n’ont rien à voir avec cela. Soyons vigilants et intraitables.
Nous parlons du développement personnel de Socrate, de Spinoza, de Tollé, mais aussi de Jung et de Maslow. De la coopération de la science et de la spiritualité, de la vision orientale et occidentale. De la connaissance de soi-même et de la nature, par l’observation et la philosophie. Du pragmatisme et de l’équilibre d’Aristote. Il est une approche holistique, systémique dirions-nous en organisation d’entreprise.
D’aucuns distinguent psychologie et philosophie dans le développement personnel, mais il n’en est rien à part des besoins de langage et d’étude. Il devrait en être de même dans le développement personnel en entreprise aussi. Qu’il tende à être global.
Il s’agit de tenter de contempler un univers dans son ensemble. Que voit-on dès lors ? Qu’il n’y a qu’un seul et unique principe : la circulation de l’énergie à travers la conscience. Le développement personnel équivaut à servir la conscience en étant au monde, c’est-à-dire en exploitant son plein potentiel, dans un travail comme dans la vie.
L’entreprise va mettre sa puissance au service de l’individu pour sa réalisation. Son sentiment de gratitude en retour n’en sera qu’amplifié.
Le développement personnel en entreprise
Nous parlerons ici de tout ce qui pourrait contribuer au bien-être des équipes. Au développement et à l’entretien de celui-ci.
Faciliter une communication informelle à travers des activités extra-professionnelles est un bon moyen d’humaniser l’entreprise en donnant du lien social.
Les activités telles que le sport, les conférences, la musique, le théâtre, l’accès à des services proposés par un Comité d’Entreprise tourné vers le bien-être sont à la fois un classique, mais aussi un must. Encore faut-il que ce comité soit dynamique et bien orienté dans ses propositions. Donnons un exemple : il est fort probable qu’une conférence de Mike Horn serve plus le développement des individus dans le sens que nous lui donnons plutôt qu’un livre de BHL.
Un autre axe : un espace de calme pour l’esprit telle une salle de lecture, une salle de repos (sieste), une salle de massage pour des budgets plus étoffés. Mais encore l’accès et la formation à des pratiques telle que la méditation, la sophrologie, l’auto-hypnose.
Par ailleurs, il s’agit de promouvoir le bien manger, la bonne alimentation. Manger bio, local, équilibré. Un accès à la nourriture saine avec par exemple des paniers de légumes locaux, voire cultiver sur place dans un potager d’entreprise ? Il convient aussi de réfléchir à l’intérêt du jeûne. Adapter son alimentation à son besoin réel en énergie.
Certaines idées hors du cadre telles que le jeûne intermittent devraient être présentées et étayées par des intervenants expérimentés, issus d’une réalité du terrain et non d’un bureau d’étude. L’entreprise qui cultive un esprit ouvert entretient sa capacité d’innovation. Or l’innovation change le monde.
Cette ouverture d’esprit pourrait d’ailleurs mener l’entreprise à un autre niveau de compréhension, de conscience et de bienveillance. Par exemple, d’accompagner et d’encourager l’initiative. L’aide à la réalisation des projets professionnels et personnels.
Enfin ce sujet si cher : la connexion à la nature ! Sortir en forêt ou dans un parc, cultiver un potager commun, manger à la cantine légumes et fruits du jardin de l’entreprise. Bon pour la santé, bon pour la vie en communauté.
Comment fait-on cela ? En proposant des solutions qui invitent à la connaissance de soi-même et à la connaissance de la nature. Et réaffirmer que la connexion à la nature est une source fondamentale de bien-être.
Qu’est-ce qui, au niveau individuel, est nécessaire à mon bien-être ? La santé, les relations sociales, et la domestication de ce tourbillon mental infernal. En somme, apprendre à entretenir son énergie vitale. Parce que l’énergie vitale qui circule amène la performance naturelle.
La Nature est performante par nature. Elle est parfaite dans son rôle à un instant donné. Tout ce qui est lorsque votre énergie est préservée et en bonne circulation et donc parfait.
Pour conclure, nous pouvons écouter Mark Zuckerberg, patron fort occupé de Meta, expliquer pourquoi les arts martiaux et en particulier le MMA, sont clés pour son bien-être. Courir ne l’empêche pas de penser. En revanche, une pratique extrême comme les arts martiaux mixtes, dans laquelle l’absence de présence est sanctionnée immédiatement, le contraint à habiter le présent, à se libérer des pensées et du temps psychologique (probablement l’urgence des problèmes à traiter dans son cas). L’entraînement le ramène vers un état de présence salutaire, nécessaire à l’équilibre.
Telle est la puissance des arts martiaux et des sports extrêmes, en particulier en nature. Ils remettent le mental analytique à sa place. En bon outil qu’il est.
Il semble important de souligner qu’ils réintroduisent une dimension absente dans une société aseptisée : le risque. Jouer sa peau sans filet est crucial pour se sentir vivant. Courir un risque ne va-t-il pas de paire avec liberté ? La liberté n’est-elle pas cruciale à notre existence ?
Je ne saurais que recommander la sensibilisation des équipes aux arts martiaux, à la danse, aux sports extrêmes. Prendre des risques, affronter ses peurs est une émulation triviale dont on ne peut que se surprendre de sa rareté contemporaine. Qui se dépasse repousse les limites. Augmente sa confiance et affronte la vie plus sereinement. Nul doute qu’une entreprise aimerait avoir ce genre d’élément en son sein.
Ainsi nous avons pu articuler le bien-être autour de trois grands axes : mouvement (qui ramène à la présence et qui favorise la circulation de l’énergie), alimentation (le carburant) et conscience (la perception du monde par la connaissance de soi-même et de la nature), sur lesquels j’ai axé mon approche du développement personnel. Vous comprenez par la même la place qu’y occupent les arts martiaux.