Pourquoi pratique-t-on les arts martiaux? Pour le sport, pour l’art, pour la capacité à se défendre, la confiance en soi, le dépassement de soi, la bagarre? Les raisons sont multiples, et surtout personnelles. De fait, celui ou celle qui les pratique pour une cause peu noble, développe ses capacités. Imaginez le chemin de celui qui en apprécierait pleinement la valeur.
Il existe de nombreuses manières d’appréhender les arts martiaux, tant au commencement de la pratique qu’au cours de son évolution à travers celle-ci.
Pourquoi aller vers les arts martiaux?
Parmi les plus grands combattants nous pouvons citer le québécois George Saint Pierre, légende du MMA et aussi grand artiste martial. GSP est venu au karaté dans un objectif premier de capacité de défense car il était fréquemment intimidé pour ne pas dire harcelé durant sa jeunesse. C’est en réalité le cas de beaucoup de pratiquants. Conor Mc Gregor connu aussi cela, vivant un quartier de Dublin dans lequel « il fallait s’en sortir ».
Notons que GSP bien que combattant retraité s’entraîne toujours, avec autant d’envie et de joie. Il continue à chercher à développer son art en rencontrant d’autres pratiques comme la gymnastique. Parmi les légendes, il est peut-être celui qui est le plus sur la voie martiale.
Pourquoi suis-je venu aux arts martiaux? À peu près les mêmes raisons:
- D’abord la confiance en soi challengée par un esprit de self défense (Conor explique bien cela). Notion assez primaire de survie finalement plus présente chez les uns que chez les autres. Selon le contexte, il faut parfois s’équiper.
- Donc la capacité à se défendre est le pragmatisme qui m’a fait franchir le pas de l’inscription dans un club.
- Ensuite est venue la conscience de ce qu’ils permettent de canaliser: les émotions, le stress, l’anxiété par exemple. L’énergie. Donc un outil d’équilibre psychologique, comme peut l’être toute pratique physique à différent degré.
- Mais ce qui m’a fait rester, c’est l’art. C’est la dimension élevée de ce qu’ils sont. Le potentiel infini de développement vers la complétude. Autrement dit entrevoir une voie.
- Pour conclure sur ce cas personnel, je pense que j’ai toujours ressenti l’art en eux mais c’est le pragmatisme de la capacité de défense qui m’a poussé à commencer. Nous entendons fort souvent « j’aimerai essayer », « j’ai toujours voulu essayer ». Des personnes qui ressentent un attrait mais qui n’ont pas trouvé la raison concrète qui les pousse. Faites-le. C’est peut-être l’art qui vous attire. Allez le rencontrer. Le besoin de sécurité couvert par la capacité de défense qu’ils apportent n’est que le début du développement…
Sport, défense, art, autre, la vision est personnelle et évolutive.
Un chemin personnel au sein d’une famille
Bien qu’une pratique individuelle, on progresse souvent grâce à un adversaire et à l’échange avec lui. Ainsi plus l’adversaire est bon, plus il offre l’occasion de se transcender. De briser la coquille de ses limites et les dépasser.
Les arts martiaux forment des guerriers, des moines, des combattants, des athlètes, mais avant tout des frères. Ceci est une famille. Celle du cœur, de l’énergie. De l’expression du Qi, de la nature profonde de l’Être. Lors de l’échange ne peut exister rien d’autre que le présent. Pas de temps psychologique. Pas d’émotion.
Aussi, les arts martiaux forgent le caractère combatif et augmentent la résistance face à l’adversité. Un entrainement à l’espoir. Tomber, se relever. Encore et encore sans jamais abandonner.
Par ailleurs ils tendent à enseigner l’humilité profonde, notamment par le dépassement de l’égo. Ils nous rappellent sans cesse que celui qui croit savoir n’apprend plus. Dans un sens le maître est celui qui a su rester débutant le plus longtemps possible en entretenant passion et curiosité pour nourrir son art.
À quoi de plus grand peut-on appliquer les arts martiaux ?
Vous savez à quel point le mouvement est prépondérant dans l’approche VCLP. À mes yeux les arts martiaux en général, suivi de la danse, représentent la forme la plus élevée du mouvement humain. La plus aboutie.
En effet ils mènent à l’élévation de la conscience, notamment par la méditation, les lectures, les arts, la philosophie. Augmentation de notre antenne, des perceptions, qui vont apporter une ouverture à la sagesse. Et éventuellement son développement.
Ils favorisent l’écoute de l’intuition profonde, la connaissance de sa nature. Ils tendent à lier cœur et esprit. Ce qui nous amène à l’équilibre, à la reconnaissance de sa propre force (et la fin des problèmes de l’égo), et éventuellement à une harmonie. De sa présence au monde, en toute chose et de par cela une fragile mais réelle omnipotence.
Bien qu’ils soient martiaux, ils sont fondés de valeurs nobles à la vibration élevée. Ne seraient-ils pas, plus que l’art de la guerre, l’art de la paix finalement? Intérieur et extérieur.
En effet, et je vais citer Pol Charoy (champion du monde de Kung-Fu Wushu en 1983) dans un article écrit sur génération TAO:
La « voie » des arts martiaux, pratiquée en temps de paix, s’oriente vers la santé et l’évolution spirituelle. Elle nécessite une maîtrise à la fois technique, émotionnelle et intellectuelle pour se comporter en homme libre qui agit selon les lois de la nature. La philosophie des arts martiaux n’apparaît pas sous la forme d’un exposé dogmatique, elle incarne plutôt une sagesse issue de différents milieux; en Chine par exemple, le Chamanisme, le Taoïsme, le Bouddhisme et le Confucianisme en sont les fondements et le creuset.
« Dans la pratique de l’art martial, si la philosophie est isolée de l’action, celle-ci se dessèche. De même si l’action est séparée de la philosophie, elle devient agitation vaine. Mais si on joint les contrastes, c’est la lumière de la vie qui apparaît. »
N’est-ce pas pertinent pour chaque projet, développement que nous souhaiterions mener? Quelle est donc la frontière avec le développement personnel?
Nous verrons dans un prochain article que le développement personnel est en réalité au cœur des arts martiaux.
Conclusion
Nous avons tenté de définir le cadre du sport et celui de l’art non pour catégoriser mais permettre au pratiquant ou au futur pratiquant de s’interroger sur la nature de sa pratique et ses motivations. En effet, ces réponses, propres à chacun, feront la qualité de votre pratique.
Pour conclure, nous souhaitons rappeler que le sport est un « produit dérivé » de la guerre, notamment lorsque les champions devaient s’affronter. Or pour Sun Tzu, et pour d’autres, la guerre était un art. Celui de vaincre. Ainsi le sport, qu’il soit de combat ou non, puise sa source dans l’art. Il est une manière cadrée et pacifique de mener l’affrontement contre les autres champions. Et surtout contre soi-même.
À mes yeux les arts martiaux dépassent le sport en ce sens qu’ils incarnent et se fondent sur des valeurs plus élevées encore que le sport ne sait le faire. Les arts martiaux traditionnels ne sont par exemple pas trop gangrénés par l’argent précisément parce qu’il n’a qu’une valeur relative, spirituellement peut importante. Ce qui n’est pas le cas des intérêts dans le sport tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Ainsi le MMA s’impose comme un sport parmi lequel opèrent des artistes. Il utilise la tradition martiale au sein d’un business juteux et grandissant à l’image de l’UFC. Il y a quelque chose de bien plus grand à mêler les arts martiaux traditionnels entre eux. Ce que Bruce Lee avait commencé à faire. Prendre le meilleur dans chaque pratique pour créer son propre style. Son propre art. Quelle joie d’observer cela. Quelle richesse. Comme il le disait, le style n’existe pas. Il existe autant de styles que de combattants. N’est-ce pas cela l’art? N’est-ce pas l’expression de notre unicité?
C’est exactement cette définition que j’aimerais vous proposer. Que vous pratiquiez n’importe quel sport, il y a l’art derrière. Il s’exprime lorsque vous êtes pleinement vous-même. Le sport permet d’évacuer, l’art d’exprimer. Pas le même niveau de langage. L’art, martial ou non est l’expression de l’être. De sa nature. Ainsi il fait nécessairement du bien et ne peut être que moteur au développement personnel.
Peut-être que le sport se pratique initialement pour gagner alors que l’art se pratique avant tout pour soi-même. Des fondations différentes pour une construction différente. Ceci dit, ce qui est nommé sport devient fréquemment l’art lorsque nous nous y déversons pleinement. Pour exemple la boxe, et en réalité toute pratique permettant une forme d’expression, corporelle ou non.
Enfin, les arts martiaux empruntés comme une voie pourraient conduire à l’éveil. Et s’ils sont, pour moi, assurément un outil de l’éveil, ils sont aussi concrètement utiles sur de nombreux plans. Bourrés d’atouts donc.
Pour continuer cette réflexion, je vous invite à une immersion dans le muay thai via un journal que j’ai tenu durant un camp d’entrainement de deux mois en Thaïlande. Aussi, j’invite les pratiquants et les curieux des arts martiaux et sports de combat à partager leur perception avec nous, en commentaire sous cet article.
À l’heure de la rentrée s’ouvre une nouvelle année de possible apprentissage que ce soit de sport, d’art, de théorie et de pratique. Avez-vous pensez aux arts martiaux comme moyen naturel de développement ?
Encore un super article ! Tellement vrai, j’ai commencé la thaï pas dans le but de boxer pour boxer comme certains mais dans un but de développement personnel et d’élévation de soi et c’est génial d’apprendre avec toi car c’est ce que l’on retrouve chez toi et tu nous le transmets à travers tes cours et tes articles alors merci 🙂
Une fois encore merci pour ce bel article.
Un article très riche, et très intéréssant avec une multitude de pistes d’investigations. Si le « Le Tao que l’on peut nommer n’est pas le Tao » le sens de l’idéogramme serait voie ou chemin c’est donc en cheminant qu’on connait le chemin,
Merci Fred ! Cheminons.