Il était une fois dans l’Ouest canadien ! Une aventure « into the wild » pour cet automne 2017 au Canada. Une opportunité de dernière minute s’est présentée alors que je rentrais d’Europe…
En bref, mon pote Cédric à Montréal: « Tu pars avec moi dans l’Ouest? L’anniversaire d’un très bon ami, sportif, il connait les Rocheuses comme sa poche, habite au milieu des parcs nationaux et on aura du matos sur place. In? »
Comment vous dire. IN x2 ! Cela fait partie des avantages d’être son propre patron. Cédric entrepreneur aussi, on était large. Tu es libre d’être où tu veux, quand tu veux. Je ne savais pas encore à quoi m’attendre, mais quel bon choix..!
Les photos parleront mieux que les mots ici. Attention les yeux.
Into the wild – Il était une fois dans l’Ouest canadien
Avec Cédric, l’idée est double: manger du plein air et de la nature à fond, tout en s’entrainant. Avec un petit plus pour ma part, la rencontre avec son ami Ro. Et il s’avère que cela relèvera de l’aventure humaine!
Commençons par ce que nous sommes venus chercher tous deux, les montagnes, les forêts, les parcs nationaux qui se succèdent, plus incroyables les uns que les autres, dans l’immensité de l’Ouest.
Immersion en pleine nature sauvage
Il se dit que c’est l’oeuvre d’une vie que celle d’explorer toutes les Rocheuses. Tout simplement immense. Grandiose. Je n’ai pas vraiment de mal à le croire vu toutes les possibilités qui s’offrent à nous. Il va falloir choisir, en fonction de notre niveau en montagne, nos envies, mais aussi la météo et les ours. Et oui, la fleur au fusil ce n’est pas ici.
Une immensité qui nous attrape à chaque instant que nous levons la tête et contemplons les montagnes majestueuses qui nous entourent. Mais n’oublions pas de regarder derrière nous et prêter attention aux sons. Le cougar attaque par derrière. Il y en a beaucoup dans cette zone, et je parle bien de l’animal.
Pour la première fois je vais aller courir dans des territoires où je ne suis pas, en tant qu’individu seul, au sommet de la chaîne alimentaire. C’est un sentiment étrange, qui remet à sa place. Comme lorsque l’on surf. Nous acceptons d’être sur le territoire des prédateurs et nous rétrogradons sur la chaîne alimentaire.
Les probabilités sont très faibles, mais elles existent. Il faut respecter cette nature sauvage et s’y préparer. Le cas contraire serait se mettre en danger. A partir du moment où l’on est en accord avec cela, alerte, bombe à poivre à portée de main, on peut y aller.
Bow River en Kayak
Nous étions basés dans le parc national de Banff. Ainsi nous avons pu descendre la rivière Bow en kayak entre Banff et Canmore, environ 25km. Une descente de quelques 3 heures qui en a pris 4 car mon binôme s’est renversé en rivière sur un tronc, et y a laissé son téléphone… Sombre histoire. Très fraiche en réalité. L’eau descend directement des glaciers.
Surement un signe du destin me dit-il, de toute façon il « était trop dessus ».
Nous conviendrons tous par la suite que l’expérience valait largement un téléphone tant c’était fou de descendre cette rivière qui coule au milieu du parc national de Banff.
Moultes illustrations de nos souvenirs sont restées au fond de l’eau, avec son iPhone. Il faut voir le bon côté des choses: les truites 2.0 sont désormais connectées.
Canmore – Banff en vélo de montagne
Une autre sortie folle a été la descente en vélo de Canmore à Banff cette fois, avec un départ dans les montagnes et les bons vélos adaptés. En territoire Grizzlis, il faut le signaler. Je peux vous dire que ce jour là on pédalait vite, et on faisait du bruit comme un groupe de 10 personnes. En effet, il y avait des avertissements à propos des ours un peu partout à ce moment… Deux personnes représentent un trop petit nombre pour être en sécurité et le vélo progressant bien plus rapidement que des marcheurs, les accidents de tomber nez à nez sont les plus fréquents.
Il n’empêche que c’est une superbe descente de 25km, pas trop technique, juste ce qu’il faut, avec quelques côtes pour se réchauffer. Cela valait vraiment la peine en prenant les précautions. Nous arrivons à Banff, contents de nous et de ce bon morceau de montagne que nous venons de laisser derrière. En plus, on est entier. Seule une jolie biche a dénié montrer le bout de son nez.
Ayant bien rodé dans le parc national de Banff et autour de Canmore, il est temps de partir en expédition un peu plus loin. Nous avons la chance de sortir en RV (Camping car en Fr / Motorisé au Qc) et établissons le plan de match en fonction de la météo. Ce sera Colombie Britannique avec Yoho National Park, puis retour en Alberta, direction Jasper National Park. Il y aura de la neige dans tous les cas.
Takkaka falls / Iceline, Yoho National Park
Un run sur les Iceline en Colombie Britannique a été une des meilleures expériences de course en solo que j’ai pu effectuer. Je ne connaissais rien, pas le trajet, pas la montagne. Total inconnu à part une bonne étude de la carte auparavant. Bien sûr pas de téléphone, aucun service à cette hauteur. Bombe à poivre en main, en espérant bien s’orienter. Go !
Bilan 22km en 2h45, 930D+ à plus de 2000 mètres d’altitude et surtout une expérience sensationnelle, celle de courir sur les crêtes, entre les glaciers… Les 3 derniers kilomètres sont un peu rudes, les jambes lourdes (les hikes des jours précédents ont laissé des traces) et des étoiles pleins les yeux.
J’allais oublié: étant parti léger avec peut être 30cl d’eau (soit tout ce qu’il nous restait en eau potable), j’avais lu que je n’aurai pas de problème une fois là-haut. Boire de l’eau pure à même le torrent, qui lui même sort tout juste du glacier, check!
L’eau. Parlons-en. Je n’avais jamais vu une eau de cette couleur auparavant. A la fois turquoise et glaciale. Ci-dessous le spectacle offert par quelques lacs sur notre chemin. Inutile de vous préciser que nous avons mis les kayaks à l’eau…
Rampart Campground, Jasper National Park
Un mot sur l’expérience « camping » dans l’Ouest. Toujours pas de téléphone. Ce qui est vraiment très cool, sauf si un incident survient. Clairement t’es au milieu du bois et face à tes responsabilités. Il faut juste composer avec ça. En revanche, se réveiller au milieu de la nature, enfiler les chaussures et sauter dehors, avec pour abris la forêt, comme voisin la rivière, la montagne pour seul vis à vis. Aucun autre bruit étranger à celui de cet environnement. Juste l’immensité de cette nature sauvage. Avant même de tremper les lèvres dans le café chaud, lever les yeux, voir le ciel bleu entre les sapins et le soleil levant qui fait son chemin au dessus des montagnes fumantes. Cela n’a vraiment pas de prix.
Quelle manière de commencer une journée… Quel calme apaisant! Aucune pensée polluante, aucun stress, juste le moment présent. Est-ce parce que les communications sont indisponibles? Pas de téléphone, pas d’email, pas de pub, pas de problème. Cette plénitude sera un sujet de réflection plus tard. Mais pas maintenant. C’est l’heure d’aller taquiner la truite.
Alors j’ai pris mon café et je suis allé pécher à la mouche, après avoir fendu du bois pour ré-alimenter le feu.
Sérieusement George, What else?
Columbia Icefields / Wilcox Pass, Jasper National Park
Nous occuperons cette belle journée par une magnifique, mais néanmoins redoutable, randonnée dans les Icefields (les glaciers) du parc national de Jasper.
Nous organisons la sortie de la sorte: une randonnée de 14km pour gravir le sommet Wilcox avec environ 800D+ depuis notre point de départ et ensuite contourner un autre sommet pour retrouver un potentiel sentier et la forêt, avant de redescendre à des chutes d’eau où nous avons laissé les vélos pour retourner au véhicule. Cette dernière étape fait 11km avec deux beaux petits cols.
3h30 plus tard c’est le retour, mission accomplie, épuisés et gelés puisque la montagne était enneigée et glacée. Nous avons lutté pour progresser la haut, bien transpiré avec des petites courses et des accélérations lors de la descente, avant de monter (les pieds trempés) sur les vélos. Pas bon 😉
Cependant le spectacle sauve largement la mise.
A la fin de la journée et pour se réchauffer, petite mousse au coucher de soleil sur Bow Lake. Il ne peut plus rien nous arriver d’affreux maintenant.
Il y eut d’autres sorties durant ce séjour. J’ai choisi de ne pas être exhaustif en sélectionnant celles qui laisseront les souvenirs les plus impérissables et les expériences les plus profondes. L’Ouest canadien, et en particulier le secteur des Rocheuses, est un immense terrain de jeu pour qui aime la nature sauvage, recherche la plénitude et l’accomplissement. Il est possible de s’y perdre comme de s’y trouver.
Aventure humaine
C’est le moment de présenter un personnage de cette histoire: Ro.
Ro est donc le fameux ami de Cédric, chez qui nous restons et dont c’est l’anniversaire. Le 70ème en fait! J’ai du mal à le croire, le gars fait 50 ans à tout casser. Il y a un truc…
Ro a été une magnifique rencontre parce qu’il fait partie de ces hommes et femmes qu’on ne rencontre jamais, ou rarement. De ceux qui sont des libres penseurs et donnent la force et la foi de suivre sa propre voie. De ces gens qui peuvent être qualifiés de marginaux sans détour, en raison d’un propre manque de conscience. En revanche, il est plus difficile de qualifier ainsi quelqu’un qui est, par exemple, docteur et professeur en mathématiques comme l’est Ro. Sans parler de réussite professionnelle et dans les affaires. Les libres penseurs dérangent. Ils portent une dimension subversive. D’aucuns préfèrent parfois ne pas les voir et les marginaliser. Ils reflètent juste ce que nous savons déjà, mais sommes trop lâches pour nous y confronter.
Ro est un de ceux-là. Les conversations du trio sont longues, variées, profondes, passionnantes. Le reste du temps, ce sont des blagues et des jeux de mots.
Ro a 70 ans et il monte les montagnes quasiment comme nous deux qui avons moins de la moitié de son âge. Nous rigolons avec lui exactement comme si nous étions tous de la même génération. Après une semaine, il ne semble pas y avoir un seul sujet qu’on ne puisse aborder et explorer. Il est vif, plein d’expérience. Un trésor de connaissance pour des individus qui n’en sont encore qu’au début de leur vie, du moins dans la première moitié.
Il est avec une femme qui a moins de la moitié de son âge. Il habite aux portes des plus beaux parcs nationaux du Canada. Et il est toujours dans les affaires aujourd’hui. Parce que c’est son mode de vie, l’action.
Lorsqu’il ne travaille pas et n’est pas quelque part en montagne dans la nature, il voyage aux quatre coins du monde pour voir ses amis, randonner, monter d’autres montagnes, et parcourir des kilomètres à vélo. Toujours en mouvement.
Il accorde beaucoup d’attention à son alimentation.
Ceci donne énormément matière à réflexion. De toute évidence, c’est quelqu’un qui a su rester jeune dans la tête et dans le coeur. Ce qui m’impressionne le plus, c’est que le corps ait collé à ce point au schéma. Il faut le voir, le gars est en forme. Tout le monde signerait pour être tel que lui à cet instant de la vie. Quel phénomène!
Un jour, je lui pose cette question:
« Qu’est-ce qui a le plus influencé ta vie, quelle a été ta meilleure décision ? »
« A 60 ans, j’ai décidé d’arrêter l’alcool ».
Et il nous disait récemment que 60 à 70 comptait parmi la plus belle tranche de sa vie, si ce n’est la meilleure.
Intéressant. Je ne sais pas encore bien quoi penser de cela. Une chose est certaine, ce n’est pas un discours que l’on entend souvent alors que vieillir effraye. Je note cependant que la décision majeure d’une vie retourne, une fois encore, de l’alimentation. En l’occurence ici, l’alcool.
Être en forme mentalement et physiquement comme Ro à cette période de la vie et pouvoir toujours autant, pleinement, profiter de chaque instant, change définitivement la perception des choses et donne matière à réflexions. Pour comprendre mon allusion à la prépondérance de l’alimentation dans une vie, je vous invite à la lecture de mon article sur le régime du guerrier.
La piqure de l’Ouest
Ce que tu as ici, dans la nature, tu le gagnes. La vue imprenable du haut d’une montagne, tu dois aller la chercher. Le bus ne t’y emmènera pas.
Quand tu es sportif et que tu aimes la nature, que tu es un aventurier, un esprit libre, il faut faire très attention à l’Ouest. Il est charmeur et mystérieux. Il y a encore tellement à découvrir. Et en même temps, il faut être reconnaissant de la présence d’une telle merveille. Lui dire merci.
Merci L’Ouest, Merci Céd, Merci Ro. Je crois qu’on se reverra.
Génial. Tu viens de rajouter une destination à ma Liste. 🙂
Merci d’avoir partagé cela et tout à fait preneur d’une discussion sur la décision de Ro. 🙂
Avec plaisir 😉
TROP GENIAL! MERCI POUR CES COMMENTAIRES.
FABULEUSE leçon de vie.
Mon cher Fabien….
Très heureux d’avoir participé avec toi au bonheur et au bon air que tu évoques dans un texte fort bien écrit. À tes mots, des images qui témoignent ce qui m’anime depuis 35 ans.
Viens me voir quand tu veux….l’hiver avec d’autres plaisirs t’attend ici…Je veux bien t’accompagner. Merci pour m’avoir touché!
Ro ! Merci pour ton message. Tout le plaisir est pour moi… C’était incroyable ce voyage. Je comprends pourquoi tu n’as jamais quitté les Rocheuses. C’est entendu pour revenir te voir le moment venu, plutôt deux fois qu’une. MERCI à TOI !