De Oulan-Bator aux portes de la Sibérie, en passant par les étendues et lacs de Mongolie centrale, voici la plus grande odyssée que j’ai eu la chance de vivre à ce jour: l’aventure nomade en Mongolie. Sortez les popcorns.
Imaginez un homme au regard perdu à l’horizon, installé dans un bus pour une vingtaine d’heures. Derrière la vitre, la steppe mongole et ses collines dorées à la lueur du couchant. Au retour d’une aventure sauvage aux portes de la Sibérie, détaché de toute présence, il ne voit aucune bonne raison d’être assis ici, maintenant. Pourquoi partir alors qu’elles l’appellent? Quel est ce manque légèrement douloureux d’un fidèle destrier avec qui il brava la distance? Où est le bon sens en cet instant? Pourquoi aller à l’encontre de son Être? Connaitre la béatitude; devoir la laisser. Quitter la réalité essentielle de la vie à laquelle il a désormais gouté. Vaudrait-il mieux ne pas en avoir conscience? Profonde méditation au bord du vague à l’âme.
S’évader, solution immanente. Il voit ce petit cheval vaillant galoper avec un homme heureux, fendu d’un large sourire, insouciant de la futilité moderne. En plein présent. Il vole sur les crêtes, dévale la steppe. Cet homme, c’est lui. C’est moi. Cette évasion est mon Être redevenu sauvage. Nous laissons une partie de nous dans les endroits que nous aimons. Se pourrait-il que j’aie trop aimé la Mongolie? Le vent de la liberté souffle, plus fort encore que d’ordinaire. Un conseil: enracinez votre esprit en terre mongole, il risquerait de s’échapper dans cette contrée sauvage où la nature règne encore. Grand bien vous fasse Aventuriers, la conscience de son essence, c’est votre chance. Dans la Silicone Valley, la transcendance. Aux antipodes, la nature Mongole, l’immanence.
L’aventure mongole touche à sa fin. Comment ne pourrait-elle pas reprendre? En attendant, un texte, un film. Et un constat. Ce qui paraissait périlleux et irraisonnable il y a quelques mois depuis l’Occident compte désormais comme une évidence: Mongolie ou du retour à la Nature, de la réalité et l’alignement avec la Vie. Une brute célébration consciente. Voici ce qu’il s’est passé.
Premier contact avec la Mongolie
J’entre en Mongolie par le sud, aux portes du désert de Gobie, à la frontière chinoise. Direction Oulan-Bator, la capitale. Le célèbre train de nuit nous transporte à destination à son rythme, c’est-à-dire en prenant son temps. Un premier indice: la course effrénée au toujours plus vite, au productivisme, semble ralentir.
Pour savoir comment passer la frontière sans encombre je vous invite à lire cet article pratique.
Arrivé dans la capitale mongole, comme à l’habitude je fais le choix de marcher pour rejoindre mon auberge afin de dégourdir les jambes et surtout explorer la ville. Mon paquetage s’est sensiblement alourdi depuis la Thaïlande. J’ai reçu du matériel de cuisine adapté au style nomade durant mon voyage au coeur de Kung-Fu Shaolin ainsi qu’un pantalon léger qui me servira à monter à cheval. Au marché d’Erhenot à la frontière chinoise, je fais l’acquisition d’un coupe-vent imperméable et des chaussettes hautes qui feront office de chaps. Il me manque un bon couteau, un chapeau pratique et de quoi faire du feu. Mon sac pèse désormais 18kg.
Oulan-Bator connaît un développement moderne sans précédent depuis quelques années. Tout est en construction. Des tours, des centres commerciaux, etc. Un trafic dingue. De la pollution à revendre. Il ne va pas falloir trop traîner ici. D’autant plus que tout autour, les collines entament une douce sérénade dès que je lève les yeux vers l’horizon, juste derrière le béton. Il n’en demeure pas moins plaisant de découvrir la ville, explorer le marché noir et achever le paquetage nécessaire, visiter le vieux temple, s’imprégner tout en préparant les plans.
Le second matin, le téléphone sonne. Un français installé dans la région depuis 20 ans m’appelle pour me dire qu’il connaît un éleveur local qui vend de bons chevaux… synchronicité?
Acheter un cheval est une logistique compliquée en terres et cultures inconnues. Mais pas impossible. J’en étais proche. Le matériel de sellerie et paquetage d’expédition étaient choisis, négociés au marché. Deux choses ne jouent pas en la faveur de ce plan: le temps dont je dispose sur place, et la logistique. Il faudrait transporter le cheval et le matériel dans une autre région. L’organisation avec les nomades semble complexe via mon homologue français. Ainsi, louer apparaît comme un franc gain de temps et une simplification évidente. Encore faut-il dénicher les bonnes personnes pour rester en dehors des sentiers battus.
Acheter ou louer un cheval en Mongolie? Pour les aventuriers qui auraient à faire face ce dilemme, voici de quoi nourrir les réflexions:
Un cheval en Mongolie vaut 1 million de Tugrik, le Tugrik étant la monnaie locale (1 000 000 MNT) soit environ 330 euros. Pour parler crument, c’est le prix de la viande. Tout est négociable dans un package par exemple (plusieurs chevaux, équipement équestre, etc.) mais raisonnablement. La Mongolie n’est pas la Chine et les chevaux sont sacrés aux yeux des éleveurs. Double raison à ne pas oublier. Bien entendu, un éleveur ne vendra pas ses meilleurs chevaux, il les garde! S’il y a plus de chevaux que de Mongoles en Mongolie, c’est qu’il y a une raison.
Un autre point à considérer: le risque du vol. À relativiser si vous êtes une équipe solide de plusieurs personnes, capable de prendre des quarts de garde nocturne. Cependant pour un cavalier solitaire, sachez que le risque existe réellement. Si vous louez des chevaux, les voleurs seront plus hésitants parce qu’ils risquent de se retrouver dans une situation délicate face aux éleveurs et nomades à qui appartiennent les bêtes.
Enfin, dernier point et non des moindres: la logistique. À partir du moment où vous achetez un cheval, vous en êtes responsables en tout temps. À moins d’avoir un projet de longue durée en Mongolie, il vous faudra choisir une seule région à explorer ou avoir une solide logistique entre les zones choisies. Quand vous voyez comment les animaux sont transportés sur place, ce n’est à mon avis pas la bonne option.
L’achat présente de son côté de beaux avantages comme une liberté totale, une grande responsabilisation et la possibilité de revente ou de don à la fin de l’aventure.
Durant cette réflexion, j’atterris dans une banlieue à 25km à l’Est d’Oulan-Bator. Au milieu des montagnes à l’entrée d’un parc national. Il n’y a rien. Je ne sais comment décrire ces banlieues dont certaines habitations sont parfois proches du bidonville en pays froid. Je mange des pastas que je trouve dans une supérette en bord de route en évitant les chiens errants et je me nourris surtout des conseils de mon concitoyen et hôte, expert de la steppe mongole, lui-même guide et cavalier expérimenté. Je pose le plus de questions possible: faune, flore, eau, météo, distance, nourriture, capacité et comportement des chevaux mongols, spécificités, coutumes nomades, dangers, etc.
La Mongolie est un vaste terrain de jeux. En formation accélérée, j’ai la carte et l’ordinateur sous le coude. L’immensité et la diversité du territoire me déconcertent. Tant de possibilités. Comment établir un plan de match..? En agissant et en commençant quelque part. Ne souhaitant pas m’éparpiller, je sélectionne deux régions: la Mongolie centrale avec les steppes, la vallée de l’Orkhon, le fief de Ghengis Khan et le nord, le lac Khövsgöl, fier petit frère du Baïkal si cher à Sylvain Tesson dans « Les forêts de Sibérie« .
Le plan prend forme mais j’ai besoin d’une base pour démarrer quelque part. Je me souviens d’une conversation avec une famille indienne à l’auberge, sur le retour d’un trek. Après exposition de mon projet sauvage et recueil de détails avec les locaux, ces derniers m’avaient recommandé d’entrer en contact avec une certaine Gaya, patronne d’une maison d’hôtes en Mongolie centrale, où je pense commencer l’aventure. De ce que j’ai compris, Gaya est une figure. En 2K20, nous dirions qu’elle pèse dans le game. Je procède. Elle me rappelle aussi sec: « explique-moi ton projet » me demande-t-elle en anglais.
Gaya est une ancienne guide, issue d’une famille nomade. C’est une agence de voyages à elle seule. Elle connaît beaucoup de monde et ce que je lui raconte raisonne. Jusqu’à son nom, tous les voyants sont au vert. Elle me propose de prendre un billet de bus à mon nom (alphabet cyrillique oblige) séance tenante et que je débarque chez elle dès le lendemain soir après la journée de voyage qui nous sépare. De là, je serai sur place et elle pourra m’aider à organiser mon expédition tout en servant de base.
Le lendemain matin je quitte la région Est d’Oulan-Bator aux aurores, direction Kharkhorin (Karakorum), ancienne capitale de l’Empire mongol. Un contrôleur à qui je raconte mon épopée et le projet à venir me fera traverser la ville dans un bus, sans billet jusqu’à la gare routière. J’attraperai le premier car pour Kharkhorin depuis la réouverture des routes, coupées par les violents orages des jours précédents. Gaya m’attendra à la fin du voyage. Efficace dites-vous? Avec le recul, la vraie synchronicité était ici. L’aventure peut commencer.
Mongolie Centrale: les steppes et la vallée de l’Orkhon
Gaya, Marie, Jean et la première famille nomade
Dans le bus, des Français. Tout le monde y va de sa petite aventure, la plupart du temps organisée, ficelée avec un guide. Ce n’est pas le cas de Marie et Jean, deux étudiants ingénieurs, qui sont dans une vraie aventure de la vie et la seule qui vaille: à la découverte d’eux-mêmes. Nous sympathisons, échangeons les idées de projets et nous retrouvons au final tous chez la patronne, Gaya.
Deux jeunes loups ouverts d’esprit, avides d’aventure en nature et fort sympathiques. D’emblée le courant passe entre nous. Autour d’un diner nous décidons de faire un bout ensemble. Ils se joignent à moi pour rejoindre une famille nomade campée à une dizaine de kilomètres à l’ouest de chez Gaya, le long de la rivière Orkhon et appréhender les chevaux locaux.
Les nomades, les chevaux en liberté, les yourtes, l’élevage mongol nous attendent. Mes nouveaux compagnons montent bien à cheval et ils ont déjà l’expérience de plusieurs semaines en Mongolie. L’occasion pour moi de continuer l’apprentissage accéléré.
Nous y sommes: plus de couverture 3G, ni réseau téléphonique. Les nomades les mieux lotis possèdent un téléphone GPS dans la yourte qu’il faut orienter correctement pour espérer émettre et recevoir. L’électricité est générée par un panneau solaire que nous orientons face au soleil en suivant sa course quotidienne. Celui-ci alimente une batterie qui stocke l’énergie pour les besoins des équipements: téléphone, lumière, mini-congélateur et petite TV pour certains. Chez les nomades, les prises pour recharger un appareil sont rares pour ne pas dire inexistantes. Plusieurs fois j’ai tendu ma batterie de secours pour qu’elle soit rechargée dans la yourte principale: absence de prise. Tel est le confort technologique d’une famille nomade moyenne.
Côté transport, outre les chevaux, on voit en général une moto et un véhicule qui sert au ravitaillement et lever le camp chaque saison. L’eau potable est stockée dans un fût. Les animaux boivent à la rivière. Les humains l’eurent fait aussi mais désormais ils se ravitaillent plutôt au point d’eau potable situé au village le plus proche. Pour nos organismes occidentaux aseptisés, hors de question de boire l’eau de la rivière sans la filtrer ou la traiter. Avec ces deux techniques, aucun problème à déclarer. Nous privilégions l’eau potable du fût, cependant durant les journées chaudes à cheval, nous nous désaltérions grâce à la rivière et la gourde filtrante.
Les téléphones dits intelligents restent dans la poche par réflexe, en mode avion. Pratiques pour la photographie, leur inopérance nous confronte à la réalité, c’est-à-dire à la nature, à la Vie qui oeuvre sans filet. Une partie de notre puissance est désactivée, pour autant le mouvement ne s’arrête, ainsi se tourner vers l’instinct et l’intuition nous devons. Prodigieux handicap qui force le retour à l’intelligence native. Toute une expérience en soi.
Comprenez-moi bien: les smartphones en tant qu’outils connectés sont simplement extraordinaires. Je n’aurai jamais pu accomplir autant à travers des aventures sans un large accès mobile à l’information, grâce à la technologie internet et à la géolocalisation. Aussi exceptionnels peuvent-ils être lorsqu’ils sont au service de l’individu avisé, ils peuvent représenter un naufrage de l’esprit: celui de l’assistance, de la déconcentration, voire de la nuisance et manipulation. Afin qu’un outil serve bien son détenteur, il doit être maitrisé. Avec le peu de recul que nous avons, étions-nous prêts pour recevoir la puissance de cet outil?
Une chose est certaine: ils ne vous aideront pas à vous tenir accroupi pour faire vos besoins dans la nature. Il va sans dire que la douche n’existe pas. Pour cela il y a la rivière et vous n’avez pas intérêt de la polluer car elle est sacrée pour les nomades. Ici les selleries sont en bois. Les attaches en cordage ou en cuir, conçu à la main pour le meilleur matériel. Une couche de mousse ou un simple tapis posé sur la selle. La traite des animaux, principale source de nourriture des familles nomades, se fait à la main. Chaque objet, chaque geste nous ramène à l’essentiel. Un bonheur simple. Apprécions le décalage. Je pense à Léonard de Vinci et m’aligne avec cet aphorisme parfait: la simplicité est la sophistication suprême.
Nous partons chaque jour à cheval dans une nouvelle direction, explorer les alentours. Nous cherchons des coins de pêche à la mouche. C’est le projet de Jean en Mongolie. La pêche à la mouche, avec pour seul matériel sa canne, sa tente et son duvet. Comment ne pourrions-nous pas nous entendre? Un jour, à 8km dans la steppe, avec son sac sur le dos, nous le croisons en voiture: « Tu ne veux pas qu’on te dépose Jean? Non, j’aime marcher. »
Je m’acclimate à ces petits guerriers à crin. En semi-autonomie, nous sommes toujours partants pour une nouvelle aventure, aider la famille nomade avec les animaux, préparer à manger. Le soir, un godet de vodka en contemplant les étoiles. Un air d’Eddy Vedder joue sur un téléphone. Society. Ironie sans couverture au milieu des steppes.
À l’aube, le souffle des chevaux à quelques mètres de la yourte. L’étalon remet les pendules à l’heure dans son troupeau. Quand ce ne sont pas les chèvres qui sautent sur la toile au petit matin, l’air de dire: « réveillez-vous mes Seigneurs, c’est un nouveau jour et il est magnifique, venez vivre ».
Nous sommes loin de tout. Si proche de l’essentiel.
Exploration des provinces Övörkhangai et Arkhangai
La vallée de l’Orkhon et ses chutes
Après une petite semaine passée ensemble, Marie et Jean repartent chacun de leur côté pour poursuivre leurs projets respectifs. Ce fût un vrai plaisir d’échanger et de partager ces moments de nature. De mon bord, il m’est venu une idée. Pour la mettre en oeuvre, je retourne à la base, consulter mon état major, Gaya.
L’été prenant sa place, une expédition à moto pour aller plus loin dans la province centrale me paraît alléchante. Tard le soir je présente le projet à Gaya: une boucle de 600km de pistes à travers les steppes, remontant la vallée de l’Orkhon dans un premier temps, traversant l’Övörkhangai avant de remonter dans l’Arkhangai et revenir à la base, Kharkhorin. Le lendemain matin nous sommes en train d’acheter une moto au marché… À midi je suis en train de faire le plein d’essence et acheter des cordages et des sacs étanches pour mon paquetage. Gaya décida d’acheter une moto neuve pour son business et me la mettre à disposition en location. L’état-major sait prendre des décisions.
Exposant mon projet, la patronne me dit avoir de la famille nomade campée aux abords des chutes de l’Orkhon, ma première étape si je sais me rendre jusque-là. 120km me direz-vous: « t’es capable ». Celui qui ne connaît pas les routes mongoles doit en faire l’expérience avant d’abandonner toute prédiction. Gaya m’avise d’un motard sur le retour d’une boucle similaire, un américain. Je lui lance, « Je pars ce soir, ça passe non? ». « Oublie ça mon vieux, viens on va s’assoir avec la carte ». Jetant un coup d’oeil à sa monture couverte de boue et de poussière, ses bottes, son jean et sa mine défaite, je m’assois.
Le camarade voyageur m’informera de l’état de la route et de ses difficultés. En gros pour parcourir les 120km qui me séparent de ma première étape, je dois compter au minimum une demi-journée. Un orage monte. Je décide fort sagement de remettre mon départ au lendemain matin et capitalise sur une bonne nuit de sommeil au milieu des steppes, de retour dans ma première famille nomade campée à une dizaine de kilomètres, qui m’accueillera les bras ouverts.
Batterie rechargée à bloc, paquetage ficelé, grand beau temps, je décolle de bon matin en t-shirt, jeune loup mongol que je fais. Plusieurs coups de soleil plus tard, frigorifié par le vent, je m’habillerai adéquatement. Choisir ses batailles. Le vent est bien trop fort pour moi. Pour ma défense, la steppe de Mongolie centrale m’empêchait toute pensée déviante de sa propre beauté.
Objectif: rejoindre la famille nomade de Gaya dont j’ai pour seul repère un nom sur un morceau de papier et un numéro de téléphone satellite. Je mettrai la journée entière en profitant des paysages époustouflants, de la vie sauvage (j’identifie plusieurs coins où de belles truites mouchent en pensant à l’ami Jean), des détours à cause de cours d’eau infranchissables à gué, des fausses routes (erreurs de navigation), et de la difficulté à trouver le campement à la fin de cette longue étape.
Après plusieurs arrêts dans des familles nomades aux yourtes installées au milieu de la vallée, où l’on me fait entrer et me sert à chaque fois du lait de jument fermenté, tradition mongole, un grand-père viendra me récupérer à cheval! Il m’indique de le suivre à moto, à quelques kilomètres de là se trouve ma destination. La soeur de Gaya m’accueille. Nous buvons du lait en toute sérénité dans la chaleur de la yourte.
Les choses sérieuses ont commencé. Voici le plan: Gaya m’a connecté avec deux françaises, mère et fille, qui voyagent elles aussi hors des sentiers battus en Mongolie. À mon passage à la base, j’ai pu les rencontrer et échanger avec elles. À nouveau, le courant passe bien. Gaya m’informe qu’elles partent en trek à cheval sur plusieurs jours, explorer la région des huit lacs. Le départ se fait depuis les chutes d’eau, à quelques kilomètres de mon campement. Par les retours des nomades, elle sait que mon expérience augmente et de surcroit mon assurance en autonomie dans les steppes mongoles.
Gaya me suggère de louer un cheval auprès du guide avec qui elle travaille, de préparer un paquetage très léger et de les accompagner. Ce qui nous attend n’est pourtant plus la steppe mais un paysage alpin. Nous monterons à 2400 mètres d’altitude et évoluerons au sein du parc national de Naiman nuur. Ainsi je pourrais documenter cette expédition phare de la région par des photos et mon récit. Géniale Gaya.
Le départ est prévu le lendemain midi. Dans l’immédiat il me faut préparer le foyer pour garder la yourte au chaud le plus longtemps possible et accessoirement préparer un repas nourrissant. Les montagnes sont proches, le climat a changé. Les nuits sont fraiches, voire froides lorsque le vent souffle dans la vallée. Au petit matin dans la yourte je verrai mon souffle chaud s’évaporer en fumée. La veille, à 120km en aval de la rivière, nous dormions en t-shirt avec une simple couette.
Avant le départ, je profite de la matinée pour aller admirer les chutes de l’Orkhon. Sereine oasis avant la ruée touristique des 10 heures. Je m’offrirai une méditation merveilleuse à ses pieds, alors qu’elle regagne son calme en un havre de nature luxuriante. En tailleur sur un rocher au milieu du lit, derrière les arbres, le grondement disparaît pour laisser place au doux bruit de l’eau pure qui glisse. Des oiseaux qui se réjouissent perpétuellement de cette magnificence, du vent qui me souffle la réalité de la Nature. Ici, maintenant me dit-il. Et vous, sages grands frères de bois, maîtres acoustiques des lieux, que me diriez-vous? D’apprécier le calme après la tempête.
Par un dernier rodéo des steppes au soleil sur mon quatre temps thermique, je regagne le campement pour vérifier mon paquetage minimal et me tenir prêt à partir. L’expédition passe me récupérer à midi avant de rejoindre le camp des guides et éleveurs de chevaux.
Participation improvisée au dernier moment avec Gaya, pour éviter de charger le cheval de bât il s’agit de voyager très léger. C’est-à-dire un sac à dos modeste que je vais porter sur mon dos. Pour ma monture et pour mon propre confort à cheval, il ne peut peser. Par ailleurs il doit être ergonomique et fixé pour n’effrayer ni l’animal ni entrainer un balancier déstabilisant. Inventaire: des vivres pour 4 jours, une popote, un couteau et un briquet, un coupe-vent et un habit de pluie, du cordage, une paire de chaussettes chaudes, un sous-vêtement de rechange, un haut type sous-couche technique respirante, des lingettes nettoyantes, du papier biodégradable, et une gourde d’eau filtrante. Je partirai habillé de vêtements chauds et de la place vacante dans le sac pour enlever au besoin des journées.
Fin prêt pour cette nouvelle aventure dans l’aventure. Bien que j’attende le véhicule de Gaya et les retrouvailles avec Caroline et Marion avec enthousiasme, je n’attends rien. Je sais. L’intuition appelée Nature m’a téléphoné: cela va être immense petit homme. Cela va être parfait parce que c’est la réalité qui t’attend là-bas.
À SUIVRE …
L’aventure se poursuit par un trek de plusieurs jours à cheval en autonomie dans le parc national de Naiman Nuur, région sauvage des huit lacs en haute montagne mongole avec Caroline, Marion et les deux guides mongoles.
Cher Fabien, Quelle jolie plume ! Quel talent de conteur ! Ton vécu me fait replonger dans cette belle aventure. La Mongolie est grandiose infinie et son peuple pour moi respire à l’unisson de cette richesse (paradoxalement certains pourraient dire qu’il n’y a rien, alors que l’immensité offre tout ) … Dans cette contrée lointaine, le mot humain prend sens. J’ose dire que je ne suis pas rentrée « pareille » de cette expérience. Ma fille dit à ce sujet » ma consolation est de savoir que l’on partage le même ciel ! » Je garde ce souvenir comme un joyau précieux. Quel… Lire la suite »
Bonjour Caroline ! Merci pour ce très beau message touchant. Osons le dire ensemble, nous ne sommes pas rentrés les mêmes après cette expérience. J’ai rencontré ces personnes qui regrettaient la pauvreté de la culture, (manque de musées, de structures), de la cuisine (pas de légume, trop de viande, etc). La Mongolie ne manque pas d’histoire et encore moins de présent. Tout était là, autour d’elles, à travers le peuple, les nomades, les animaux, la nature, en abondance. C’est une dimension différente, oubliée de notre modernité. Pour la percevoir: regarder à l’intérieur. Y retrouver la même nature infinie qui nous… Lire la suite »
Merci pour cette belle lecture captivante. Un fabuleux voyage joliment bien décrit et illustré, dans ce pays plein de couleurs, avec ses habitants d’une grande richesse de cœur. Impossible d’être insensible à cette immensité surprenante.
Merci à toi de nous faire partager cette magnifique, passionnante et sportive aventure !
Merci! Si ce n’est encore réalisé, je vous invite à en faire l’expérience par vous-même. Une aventure de développement personnel pour tous les âges. À bientôt,